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Les effets du virus Zika sont moins bien connus qu'on ne le croit
Jean-Yves Nau Science & sant? 30.01.2016 - 12 h 29 mis ? jour le 30.01.2016 ? 12 h 29
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Personne n?avait pr?vu l?ampleur de l??pid?mie; personne n?avait imagin? que, v?hicul? ? longue distance par des moustiques femelles Aedes aegypti, le virus Zika progresserait aussi vite et ? une telle ?chelle sur le continent am?ricain. Le premier cas avait ?t? signal? au Br?sil en mai 2015. L??pid?mie touche aujourd?hui une vingtaine de pays d?Am?rique latine. L?OMS parle d?sormais d?une propagation ?pid?mique ?explosive? et dit que le niveau d?alerte est ?extr?mement ?lev??. Elle r?unira, ? Gen?ve, un comit? d?urgence le 1er f?vrier. Le pr?sident am?ricain Barack Obama appelle ? des actions urgentes. Quelques cas isol?s sont signal?s en Europe chez des voyageurs de retour de pays am?ricains. Et en France Marisol Touraine, ministre de la sant? a, le 28 janvier, ?recommand? aux femmes enceintes (ou ayant un projet de grossesse) et qui avaient pr?vu de se rendre aux Antilles ou dans un des pays touch?s en Am?rique latine, de diff?rer leur projet de voyage?.
Ces recommandations de la ministre se fondent sur un avis du Haut comit? de sant? publique (HCSP) dat? du 5 janvier et traduit en mesures pratiques par le Pr Beno?t Vallet, Directeur g?n?ral de la sant?, le 22 janvier. Les autorit?s sanitaires am?ricaines des Centers for Disease Control d?Atlanta formulent des pr?cautions similaires quant ? la restriction des voyages des femmes enceintes (et celles envisageant de le devenir) vers les pays infect?s. Dans tous les cas c?est le risque de malformations neurologiques du f?tus induites par l?infection de la femme enceinte qui est avanc?. La principale de ces malformations est une ?microc?phalie?[1].
La causalit? mise en doute
Or les autorit?s sanitaires soulignent aussi, ? chaque fois, que si l?existence de ce risque semble tr?s vraisemblable elle n?est pas pour autant scientifiquement ?tablie. Le ?lien de causalit?? entre l?infection maternelle et la malformation cr?nienne du nouveau-n? n?est pas indiscutablement d?montr?. Cette d?monstration demandera encore diff?rents travaux men?s ? partir d?outils virologiques sophistiqu?s. Les ?l?ments de preuves ne sont aujourd?hui apport?s que par cette nouvelle discipline ?mergente qu?est l???pid?miologie spatio-temporelle? pour reprendre la formule du Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses dans le groupe hospitalier Piti?-Salp?tri?re (Paris); soit une mod?lisation permettant d?analyser les dynamiques et les risques ?pid?miques en l?absence de confirmations mol?culaires. ?C?est ce type d?approche qui, par exemple, avait permis de comprendre l?origine n?palaise de l??pid?mie de chol?ra qui en 2010 s?vissait en Ha?ti? explique le Pr Caumes.
Pour l?heure il existe un faisceau d?arguments convergents en faveur de l?origine virale des microc?phalies. Ces arguments sont pr?sent?s et analys?s dans l?avis du HCSP ? la r?daction duquel le Pr Caumes a particip?. Jusqu?? fin octobre 2015 le virus Zika n?avait pas ?t? d?crit comme responsable de microc?phalies ou d?autres anomalies cong?nitales. Mais les ?pid?mies n?avaient jusqu?alors concern? que des territoires faiblement peupl?s comme en Micron?sie. Fin octobre 2015, le minist?re de la sant? br?silien faisait ?tat de 54 cas de microc?phalie chez des nouveau-n?s, dans plusieurs h?pitaux publics et priv?s du nord-est du pays. Rapidement d?autres cas de malformations cong?nitales neurologiques ont ?t? rapport?es dans d?autres Etats br?siliens o? circule le virus Zika. Soit, au total 2782 cas suspect?s ou confirm?s (dont 40 d?c?s) notifi?s pour l?essentiel dans les Etats du Nord-Est du pays.
Les sp?cialistes rapportent aussi des cas de malformations rares (dysfonctionnement n?onatal du tronc c?r?bral) chez des nouveau-n?s apr?s une ?pid?mie de Zika en Polyn?sie fran?aise d?octobre 2013 ? avril 2014. Les enqu?tes ont aussi montr?, ? la m?me p?riode, une augmentation du nombre des malformations c?r?brales et ayant conduit ? des interruptions m?dicales de grossesse. D?autres arguments existent qui plaident en faveur de cette hypoth?se.
?Comment aller plus loin dans la d?monstration d?un lien de causalit?? Pour des raisons ?videntes on ne pourra jamais ici aller jusqu?? v?rifier les r?gles du postulat de Koch et faire l?exp?rience de l?infection exp?rimentale, explique le Pr Alain Goudeau, responsable du service de bact?rio-virologie du CHU de Tours. L?histoire montre que des ?l?ments ?pid?miologiques suffisent. Comme dans le cas de la rub?ole. L?isolement du virus dans les tissus f?taux n?a ?t? qu?un ?l?ment compl?mentaire pour affirmer la grande dangerosit? du virus chez la femme enceinte. Il me semble qu?avec Zika nous ne sommes pas loin de ce niveau de preuve.?
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Jean-Yves Nau 725 articles
Journaliste et docteur en m?decine, ancien instituteur, Jean-Yves Nau a ?t? en charge de la rubrique m?decine du Monde de 1980 ? 2009. Il tient ?galement le blog Journalisme et sant? publique.
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Voir aussi: France - Personnes atteintes par le virus Zika. Actualisation des modalit?s de prise en charge (Haut Conseil de la sant? publique, Avis 22 Janvier 2016)
Jean-Yves Nau Science & sant? 30.01.2016 - 12 h 29 mis ? jour le 30.01.2016 ? 12 h 29
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Personne n?avait pr?vu l?ampleur de l??pid?mie; personne n?avait imagin? que, v?hicul? ? longue distance par des moustiques femelles Aedes aegypti, le virus Zika progresserait aussi vite et ? une telle ?chelle sur le continent am?ricain. Le premier cas avait ?t? signal? au Br?sil en mai 2015. L??pid?mie touche aujourd?hui une vingtaine de pays d?Am?rique latine. L?OMS parle d?sormais d?une propagation ?pid?mique ?explosive? et dit que le niveau d?alerte est ?extr?mement ?lev??. Elle r?unira, ? Gen?ve, un comit? d?urgence le 1er f?vrier. Le pr?sident am?ricain Barack Obama appelle ? des actions urgentes. Quelques cas isol?s sont signal?s en Europe chez des voyageurs de retour de pays am?ricains. Et en France Marisol Touraine, ministre de la sant? a, le 28 janvier, ?recommand? aux femmes enceintes (ou ayant un projet de grossesse) et qui avaient pr?vu de se rendre aux Antilles ou dans un des pays touch?s en Am?rique latine, de diff?rer leur projet de voyage?.
Ces recommandations de la ministre se fondent sur un avis du Haut comit? de sant? publique (HCSP) dat? du 5 janvier et traduit en mesures pratiques par le Pr Beno?t Vallet, Directeur g?n?ral de la sant?, le 22 janvier. Les autorit?s sanitaires am?ricaines des Centers for Disease Control d?Atlanta formulent des pr?cautions similaires quant ? la restriction des voyages des femmes enceintes (et celles envisageant de le devenir) vers les pays infect?s. Dans tous les cas c?est le risque de malformations neurologiques du f?tus induites par l?infection de la femme enceinte qui est avanc?. La principale de ces malformations est une ?microc?phalie?[1].
La causalit? mise en doute
Or les autorit?s sanitaires soulignent aussi, ? chaque fois, que si l?existence de ce risque semble tr?s vraisemblable elle n?est pas pour autant scientifiquement ?tablie. Le ?lien de causalit?? entre l?infection maternelle et la malformation cr?nienne du nouveau-n? n?est pas indiscutablement d?montr?. Cette d?monstration demandera encore diff?rents travaux men?s ? partir d?outils virologiques sophistiqu?s. Les ?l?ments de preuves ne sont aujourd?hui apport?s que par cette nouvelle discipline ?mergente qu?est l???pid?miologie spatio-temporelle? pour reprendre la formule du Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses dans le groupe hospitalier Piti?-Salp?tri?re (Paris); soit une mod?lisation permettant d?analyser les dynamiques et les risques ?pid?miques en l?absence de confirmations mol?culaires. ?C?est ce type d?approche qui, par exemple, avait permis de comprendre l?origine n?palaise de l??pid?mie de chol?ra qui en 2010 s?vissait en Ha?ti? explique le Pr Caumes.
Pour l?heure il existe un faisceau d?arguments convergents en faveur de l?origine virale des microc?phalies. Ces arguments sont pr?sent?s et analys?s dans l?avis du HCSP ? la r?daction duquel le Pr Caumes a particip?. Jusqu?? fin octobre 2015 le virus Zika n?avait pas ?t? d?crit comme responsable de microc?phalies ou d?autres anomalies cong?nitales. Mais les ?pid?mies n?avaient jusqu?alors concern? que des territoires faiblement peupl?s comme en Micron?sie. Fin octobre 2015, le minist?re de la sant? br?silien faisait ?tat de 54 cas de microc?phalie chez des nouveau-n?s, dans plusieurs h?pitaux publics et priv?s du nord-est du pays. Rapidement d?autres cas de malformations cong?nitales neurologiques ont ?t? rapport?es dans d?autres Etats br?siliens o? circule le virus Zika. Soit, au total 2782 cas suspect?s ou confirm?s (dont 40 d?c?s) notifi?s pour l?essentiel dans les Etats du Nord-Est du pays.
Les sp?cialistes rapportent aussi des cas de malformations rares (dysfonctionnement n?onatal du tronc c?r?bral) chez des nouveau-n?s apr?s une ?pid?mie de Zika en Polyn?sie fran?aise d?octobre 2013 ? avril 2014. Les enqu?tes ont aussi montr?, ? la m?me p?riode, une augmentation du nombre des malformations c?r?brales et ayant conduit ? des interruptions m?dicales de grossesse. D?autres arguments existent qui plaident en faveur de cette hypoth?se.
?Comment aller plus loin dans la d?monstration d?un lien de causalit?? Pour des raisons ?videntes on ne pourra jamais ici aller jusqu?? v?rifier les r?gles du postulat de Koch et faire l?exp?rience de l?infection exp?rimentale, explique le Pr Alain Goudeau, responsable du service de bact?rio-virologie du CHU de Tours. L?histoire montre que des ?l?ments ?pid?miologiques suffisent. Comme dans le cas de la rub?ole. L?isolement du virus dans les tissus f?taux n?a ?t? qu?un ?l?ment compl?mentaire pour affirmer la grande dangerosit? du virus chez la femme enceinte. Il me semble qu?avec Zika nous ne sommes pas loin de ce niveau de preuve.?
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Jean-Yves Nau 725 articles
Journaliste et docteur en m?decine, ancien instituteur, Jean-Yves Nau a ?t? en charge de la rubrique m?decine du Monde de 1980 ? 2009. Il tient ?galement le blog Journalisme et sant? publique.
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Voir aussi: France - Personnes atteintes par le virus Zika. Actualisation des modalit?s de prise en charge (Haut Conseil de la sant? publique, Avis 22 Janvier 2016)