Flamb?e de violence dans une usine Maruti Suzuki de New Delhi
LE MONDE | 20.07.2012 ? 12h23
Par Julien Bouissou (correspondance, New Delhi)
PHOTO
Des policiers devant l'usine du constructeur Maruti Suzuki, ? Menasar, en Inde, jeudi 19 juillet. | REUTERS/AHMAD MASOOD
Des heurts d'une rare violence ont ?clat? entre des ouvriers et leur personnel d'encadrement dans une usine indienne du constructeur automobile Maruti Suzuki, pr?s de New Delhi, blessant pr?s d'une centaine de manageurs et provoquant la mort du responsable des ressources humaines. Son corps a ?t? retrouv? calcin?, dans la nuit de mercredi 18 ? jeudi 19 juillet, apr?s qu'une partie de l'usine a ?t? ravag?e par les flammes. Dans la foul?e, 91 ouvriers soup?onn?s de meurtre ou de pillage ont ?t? arr?t?s par la police.
Les incidents auraient d?marr? mercredi matin par une altercation entre un ouvrier et son contrema?tre. Ce dernier l'aurait maltrait? et insult? sa caste ? les intouchables ? ? en croire le syndicat. Un autre ouvrier aurait r?agi en le frappant au visage, ce qui lui aurait valu sa suspension imm?diate. Des coll?gues en col?re auraient ensuite ferm? les portes de l'usine, saccag? les bureaux et battu ? coups de barre de fer les manageurs.
Cette flamb?e de violence met en lumi?re un aspect moins connu du d?veloppement rapide de l'industrie automobile en Inde : les conditions de travail y sont difficiles et le dialogue social tendu. A l'usine de Manesar, o? les incidents se sont produits, les ouvriers travaillent huit ? douze heures par jour, six jours par semaine. "Pendant notre pause-d?jeuner de trente minutes, on a juste le temps de faire la queue ? la cantine situ?e ? 500 m?tres de l'usine, et de manger sur le chemin du retour, et on n'a droit qu'? deux autres pauses de sept minutes et demie chacune", explique l'un d'entre eux qui pr?f?re rester anonyme.
Si tous les employ?s sont soumis au m?me rythme de travail et assurent les m?mes t?ches, tous ne b?n?ficient pas du m?me statut. Plus de la moiti? des effectifs de l'usine de Manesar sont int?rimaires. Un ouvrier employ? par Maruti Suzuki touche un salaire fixe mensuel de 150 euros (10 000 roupies indiennes) auquel s'ajoutent des primes allant jusqu'? 120 euros. Un int?rimaire ne per?oit que la moiti? de ces revenus, m?me apr?s des ann?es d'exp?rience.
Les entreprises indiennes recourent ? l'int?rim pour contourner un code du travail jug? trop rigide. Par exemple, une usine de plus de 100 employ?s ne peut pas licencier sans l'autorisation du gouvernement. Les industriels ne font pas que sous-traiter le recrutement de leur personnel ? des tiers. Ils leur d?l?guent surtout la gestion d?licate de la relation avec les inspecteurs du travail. Cette t?che est devenue un m?tier ? part enti?re, complexe et risqu?, ?tant donn? les r?glementations souvent ambigu?s.
"LES IN?GALIT?S SE CREUSENT"
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LE MONDE | 20.07.2012 ? 12h23
Par Julien Bouissou (correspondance, New Delhi)
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Des policiers devant l'usine du constructeur Maruti Suzuki, ? Menasar, en Inde, jeudi 19 juillet. | REUTERS/AHMAD MASOOD
Des heurts d'une rare violence ont ?clat? entre des ouvriers et leur personnel d'encadrement dans une usine indienne du constructeur automobile Maruti Suzuki, pr?s de New Delhi, blessant pr?s d'une centaine de manageurs et provoquant la mort du responsable des ressources humaines. Son corps a ?t? retrouv? calcin?, dans la nuit de mercredi 18 ? jeudi 19 juillet, apr?s qu'une partie de l'usine a ?t? ravag?e par les flammes. Dans la foul?e, 91 ouvriers soup?onn?s de meurtre ou de pillage ont ?t? arr?t?s par la police.
Les incidents auraient d?marr? mercredi matin par une altercation entre un ouvrier et son contrema?tre. Ce dernier l'aurait maltrait? et insult? sa caste ? les intouchables ? ? en croire le syndicat. Un autre ouvrier aurait r?agi en le frappant au visage, ce qui lui aurait valu sa suspension imm?diate. Des coll?gues en col?re auraient ensuite ferm? les portes de l'usine, saccag? les bureaux et battu ? coups de barre de fer les manageurs.
Cette flamb?e de violence met en lumi?re un aspect moins connu du d?veloppement rapide de l'industrie automobile en Inde : les conditions de travail y sont difficiles et le dialogue social tendu. A l'usine de Manesar, o? les incidents se sont produits, les ouvriers travaillent huit ? douze heures par jour, six jours par semaine. "Pendant notre pause-d?jeuner de trente minutes, on a juste le temps de faire la queue ? la cantine situ?e ? 500 m?tres de l'usine, et de manger sur le chemin du retour, et on n'a droit qu'? deux autres pauses de sept minutes et demie chacune", explique l'un d'entre eux qui pr?f?re rester anonyme.
Si tous les employ?s sont soumis au m?me rythme de travail et assurent les m?mes t?ches, tous ne b?n?ficient pas du m?me statut. Plus de la moiti? des effectifs de l'usine de Manesar sont int?rimaires. Un ouvrier employ? par Maruti Suzuki touche un salaire fixe mensuel de 150 euros (10 000 roupies indiennes) auquel s'ajoutent des primes allant jusqu'? 120 euros. Un int?rimaire ne per?oit que la moiti? de ces revenus, m?me apr?s des ann?es d'exp?rience.
Les entreprises indiennes recourent ? l'int?rim pour contourner un code du travail jug? trop rigide. Par exemple, une usine de plus de 100 employ?s ne peut pas licencier sans l'autorisation du gouvernement. Les industriels ne font pas que sous-traiter le recrutement de leur personnel ? des tiers. Ils leur d?l?guent surtout la gestion d?licate de la relation avec les inspecteurs du travail. Cette t?che est devenue un m?tier ? part enti?re, complexe et risqu?, ?tant donn? les r?glementations souvent ambigu?s.
"LES IN?GALIT?S SE CREUSENT"
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