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La faillite de l'?valuation des pesticides sur les abeilles

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    La faillite de l'?valuation des pesticides sur les abeilles

    LE MONDE | 09.07.2012 ? 15h11 ? Mis ? jour le 09.07.2012 ? 18h04
    Par St?phane Foucart



    Le coupable est-il plut?t l'incomp?tence ou l'accumulation de conflits d'int?r?ts ? Impossible de trancher. Mais la question est d?sormais pos?e : comment des tests d'?valuation des risques pour l'abeille, notoirement d?ficients, ont-ils pu ?tre utilis?s pendant pr?s de vingt ans pour homologuer les derni?res g?n?rations d'insecticides ? Apr?s avoir ?t? autoris?s depuis le d?but des ann?es 1990, tous (Gaucho, R?gent...) ont ?t? au centre d'intenses pol?miques avant d'?tre retir?s, au moins partiellement, du march?... Le dernier en date, le Cruiser, vient d'?tre interdit par la France sur le colza, une d?cision attaqu?e par son fabricant, Syngenta.

    Cette d?faillance est d'autant plus troublante que certains de ces tests d'?valuation ont ?t? remis ? jour en 2010, c'est-?-dire tout r?cemment. Leur mise en cause ne vient pas d'un rapport de Greenpeace ou des Amis de la Terre, mais d'un avis de l'Autorit? europ?enne de s?curit? des aliments (EFSA). Jamais, sans doute, celle-ci n'aura endoss? un document aussi embarrassant. Paru fin mai, ce texte technique de 275 pages est d'ailleurs pass? ? peu pr?s totalement inaper?u...

    DES "FAIBLESSES MAJEURES"

    Pourquoi un tel rapport ? Saisie par la Commission europ?enne, l'EFSA a mandat? un groupe d'une quinzaine de scientifiques (en partie ext?rieurs ? l'agence) pour expertiser les proc?dures standard, par lesquelles sont ?valu?s les risques des pesticides sur les abeilles. Conclusion : ces protocoles ont ?t? con?us pour ?valuer les effets ind?sirables des pesticides pulv?ris?s et sont inadapt?s aux insecticides dits "syst?miques" ? utilis?s en enrobage de semences ou en traitement des sols ?, qui impr?gnent l'ensemble de la plante au cours de son d?veloppement.

    De mani?re g?n?rale, explique le rapport, "les expositions prolong?es et intermittentes ne sont pas ?valu?es en laboratoire", pas plus que "l'exposition par inhalation et l'exposition des larves". Les calculs d'exposition des insectes sont syst?matiquement biais?s : ils ne tiennent pas compte de l'eau exsud?e par les plantes trait?es, avec laquelle les insectes sont en contact. Ils ne consid?rent pas non plus les poussi?res produites par les semences enrob?es au cours de la p?riode des semis...

    "De m?me, ajoute le rapport, les effets des doses subl?tales ne sont pas pleinement pris en compte par les tests standard conventionnels." Ces faibles doses ne tuent pas directement les abeilles, mais peuvent par exemple alt?rer leur capacit? ? retrouver le chemin de leur ruche, comme l'a r?cemment montr? une ?tude conduite par Micka?l Henry (INRA) et publi?e le 30 mars dans la revue Science.

    Les tests standard r?alis?s en champ sont eux aussi critiqu?s. Colonies trop petites, dur?e d'exposition trop courte... Des effets d?l?t?res, m?mes d?tect?s, s'av?rent souvent non significatifs en raison du trop faible nombre d'abeilles utilis?es.

    Ce n'est pas tout. Des "faiblesses majeures" sont point?es par les rapporteurs, comme la taille des champs trait?s aux insecticides test?s. Les ruches enr?l?es sont en effet plac?es devant une surface test de 2 500 m2 ? un hectare en fonction de la plante. Or, explique le rapport, ces superficies ne repr?sentent que 0,01 % ? 0,05 % de la surface visit?e par une butineuse autour de sa ruche... D?s lors, l'exposition au produit est potentiellement plusieurs milliers de fois inf?rieure ? la r?alit?, notamment dans le cas o? les abeilles seraient situ?es dans des zones de monoculture intensive recourant ? ce m?me produit.

    En outre, poursuit le rapport, les abeilles devraient ?tre test?es pour d?terminer si de faibles doses du produit ont d?clench? des maladies dues ? des virus ou des parasites... De r?cents travaux, conduits par Cyril Vidau (INRA) et publi?s en juin 2011 dans la revue PLoS One, ont en effet montr? des synergies entre le fipronil (R?gent), le thiaclopride (un n?o-nicotino?de) et la nos?mose, une maladie commune de l'abeille...

    Ces manquements sont, selon l'expression d'un apidologue fran?ais qui a requis l'anonymat, chercheur dans un organisme public, "un secret de polichinelle". De longue date en effet, le renforcement de ces "lignes directrices" et autres protocoles standardis?s est demand? par des apiculteurs et les associations de d?fense de l'environnement. En vain. Et ce, malgr? un nombre toujours plus grand d'?tudes publi?es dans les revues scientifiques depuis le milieu des ann?es 2000, qui mettent en ?vidence leurs lacunes.

    DE "G?N?REUX SPONSORS"

    Pourquoi une telle inertie ? Comment, et par qui, sont ?labor?s ces protocoles de test suspect?s de grave myopie ? "En 2006, nous nous sommes pos?s, un peu tardivement il est vrai, la question de savoir comment ?taient homologu?es au niveau europ?en les substances que nous suspectons d'?tre la cause principale du d?clin des abeilles, raconte Janine Kievits, une apicultrice belge, membre de la Coordination apicole europ?enne. En lisant les annexes de la directive europ?enne sur les phytosanitaires, nous avons remarqu? que les lignes directrices de ces tests ?taient notamment ?dict?es par l'Organisation europ?enne et m?diterran?enne pour la protection des plantes [EPPO]." D'autres lignes directrices sont ?dict?es par l'Organisation de coop?ration et de d?veloppement ?conomiques (OCDE) et sont compl?mentaires de celles de l'EPPO.

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