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POUR CONJURER LE MAUVAIS SORT Les S?n?galais ach?tent et lib?rent des oiseaux

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    POUR CONJURER LE MAUVAIS SORT Les S?n?galais ach?tent et lib?rent des oiseaux

    par Cherif FAYE | SUD QUOTIDIEN , vendredi 25 juillet 2008 | 127 Lectures

    Certaines personnes, sur recommandation de leur marabout, ach?tent des oiseaux et les rel?chent l?instant m?me, apr?s maintes pri?res, pour conjurer le mauvais sort. Cette pratique relance un secteur victime de la grippe aviaire. Sans doute traumatis?es par les dures conditions d?existence dans lesquelles elles survient, elles pensent que leur malheur vient des autres qui leur ont jet? un sort.

    En achetant et en lib?rant un ou plusieurs oiseaux, ces personnes chassent du coup leur malheur et entrent dans une p?riode propice ? leur ?panouissement. Du moins, c?est ce que croit Ali Diop, qui a arr?t? Aldiouma B? pour lui acheter sept oiseaux ? travailleurs ?. De son point de vue, cette action qui lui a ?t? recommand?e par un voyant est bonne. ? Le voyant m?a dit que si je le fais, mes projets marcheront, et je serai lib?r? de tout courroux. C?est pour cette raison que le fait ?, a-t-il indiqu?. Convaincu qu?il en sera ainsi, il remet 350 FCFA ? Aldiouma pour le prix des sept petits oiseaux ? travailleurs ?, ? raison seulement de 50 FCFA l?un. Le vendeur pose sa caisse, essaie avec d?licatesse de faire sortir les oiseaux un ? un, pour ?viter d?en faire ?chapper d?autres qui seront comptabilis?s au chapitre des pertes.

    ? Notre commerce ne marche pas maintenant. Nos oiseaux sont achet?s par seulement ceux qui font de la charit?. Ils ach?tent un, deux ou trois, cela d?pend de l?instruction du marabout. Nous vendons peu ?, a-t-il l?ch?. Diallo, grand responsable d?une oisellerie au quartier Tivaouane, manager de plusieurs adolescents qui revendent dans la rue, confirme. ? Les oiseaux ne nous rapportent plus beaucoup comme auparavant. Depuis l?av?nement de la grippe aviaire, le march? est devenu national. Les march?s europ?ens sont ferm?s aux produits europ?ens. Les exportations en ont pris un s?rieux coup. Les grands grossistes peuvent vous plus sur cette situation. Notre vente locale est destin?e majoritairement ? ceux recommand?s par les charlatans d?en acheter pour les lib?rer ?, explique-t-il. M?me s?il peut y avoir des amis de la nature qui les ach?tent pour le plaisir ?cologique de les lib?rer, pour pr?server l?esp?ce, les commer?ants des petits oiseaux ? travailleurs ? sont convaincus que la pratique est devenue une r?alit? dans la vie des S?n?galais.

    L?oisellerie de Diallo se trouve dans une maison anodine o? sont expos?es de grandes caisses pleines ? craquer d?oiseaux ? travailleurs ?. Ces petits oiseaux aux plumages jaune et noir?tre au bec rouge court et pointu sont tr?s gourmands. ? Ils mangent beaucoup de riz et de mil ?, a avou? un vieux vendeur. Ces oiseaux, les ? travailleurs ?, sont de grands pr?dateurs qui saccagent les champs de riz dans la vall?e du fleuve, ? Richard Toll, Podor, Matam et autres. Les cages pleines d?oiseaux ? travailleurs ? aux becs rouges, piaillant ? qui mieux mieux ne cessent de sautiller pour se d?gager de ce grillage d?enfer. Mais dans ce petit espace de survie, se dessine comme qui dirait toute une vie pour les uns, de la foutaise pour d?autres. En tous les cas, dans l?ordinaire de cette soci?t? qui a la t?te en pleine crise ces pauvres oiseaux sont destin?s au march? pour conjurer du mauvais sort.

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