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Grippe A(H2N2): le Qu?bec l'avait ?chapp? belle, en 1957

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  • Grippe A(H2N2): le Qu?bec l'avait ?chapp? belle, en 1957

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    </OBJECT>Grippe A(H2N2): le Qu?bec l'avait ?chapp? belle, en 1957



    Jean Provencher, Historien

    ?dition du mardi 25 ao?t 2009
    Mots cl?s : Histoire, Grippe, sant?, Maladie, Asie (R?gion), Qu?bec (province)

    En Europe, au d?but de juin 1957, on c?l?bre ? Saint-Malo le 400e anniversaire du d?c?s de Jacques Cartier. Les journaux pr?disent que la Chine comptera deux milliards six cents millions d'habitants en 2007. Pie XII d?clare que l'automatisation ne changera rien ? l'obligation pour l'homme de gagner son pain ? la sueur de son front.

    Ici ? Montr?al, le Canadien annonce l'acquisition du petit ailier gauche Marcel Bonin des Indiens de Springfield, qui s'est fait conna?tre en affrontant un ours dans une ar?ne de lutte. Le 13 juin, ? la une, Le Devoir signale qu'une ?pid?mie de grippe se propage ? une vitesse foudroyante en Asie. Le s?rieux biochimiste anglais, Norman Pirie, ?crit, dans le non moins s?rieux Lancet, que le nouveau virus pourrait ?tre l'une des cons?quences des retomb?es radioactives provenant des exp?riences nucl?aires. Deux jours plus tard, voil? de premiers cas de grippe aux ?tats-Unis provenant de voyageurs descendus de bateau quelques jours plus t?t ? San Francisco.

    Le mois de juin est beau, trop beau. La longue fin de semaine de la Saint-Jean fait 48 morts au Qu?bec, dont 22 par noyades. Et, jusqu'? la fin de juillet, on ne parlera plus de grippe; l'heure est aux vacances, ? l'insouciance. Mais, bient?t, il faut y revenir. Jean Tass?, le directeur adjoint de l'Institut microbiologique de Montr?al, affirme que l'?pid?mie est la pire que le monde ait connue depuis la grippe espagnole de 1918 et on songe ? fabriquer un vaccin. ?Bien que tr?s peu ou pas de mortalit?s accompagne la propagation de la grippe, relativement peu de personnes ont pu l'?viter dans les pays affect?s.? L'Association m?dicale am?ricaine souligne que la grippe touche maintenant ?plusieurs villes am?ricaines?, mais qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer pour l'instant.

    Les malades sont nombreux

    ? vrai dire, ce n'est qu'? la mi-ao?t que la grippe ?asiatique?, l'appelle-t-on ainsi pour la premi?re fois, commence ? occuper beaucoup d'espace dans la presse ?crite. Quelque 20 000 ? 25 000 Am?ricains en sont atteints dans 21 ?tats. ? Huntsville, au nord de Toronto, ? l'occasion d'un grand rassemblement de 1600 jeunes filles venues de 16 pays f?ter le centenaire de l'Association des guides du Canada, plus de 150 d'entre elles attrapent la grippe. Par bonheur, aucune n'en meurt. Les malaises sont toujours les m?mes: forte fi?vre ? l'occasion, maux de t?te et de gorge, malaises musculaires, rhume. Mais rien de plus.

    Au tout d?but de septembre, un paquebot en provenance du Havre et de Southampton, l'Ivernia, jette l'ancre ? Qu?bec. Soixante-quatre des neuf cent quarante-cinq passagers sont atteints de la grippe. On oblige ceux-ci ? d?barquer et ? se faire soigner dans quatre h?pitaux de la r?gion. Le bateau file ? Montr?al et cinq autres passagers pr?sentent les m?mes sympt?mes ? leur descente.

    Le 8 septembre, une semaine apr?s la rentr?e scolaire, le S?minaire de Trois-Rivi?res ferme ses portes ? cause de l'?pid?mie de grippe et les 350 pensionnaires sont isol?s pour une p?riode de temps ind?finie. Le Nouvelliste, quotidien local, appelle au calme. ?Que l'on collabore ?troitement avec toutes les autorit?s et que l'on attende avec confiance la fin de cette situation qui, sans ?tre grave, exige beaucoup de prudence et de bonne volont?.? Moi-m?me ?l?ve au s?minaire, mais externe, je garde le souvenir d'un bien bel automne, au temps doux et ensoleill?, o? chaque jour nous jouions au baseball sur le terrain de balle du quartier. Nous f?mes bien d??us d'apprendre la r?ouverture du s?minaire apr?s plusieurs jours de matchs palpitants, de retraits au b?ton et de beaux attrap?s.

    Au cours des derniers jours de septembre, les annonces de fermeture d'?cole au Qu?bec pleuvent. Le 24 septembre, en voici 36 d'un seul coup ? Sherbrooke, alors que plus de 1000 des 11 500 ?l?ves souffrent de la grippe. Il en va de m?me ? Lennoxille, Saint-?lie d'Orford et Rock Forest. Le S?minaire de Chicoutimi ferme ? son tour, quand 125 des 625 ?l?ves sont malades. On n'en finirait plus d'?num?rer les municipalit?s o? les ?l?ves sont en vacances: Hull, Amos, Rouyn, Rigaud, Valleyfield, Joliette, Grand-M?re, La Tuque, Jonqui?re, Arvida, Alma, etc. Les h?pitaux montr?alais restreignent d?sormais les visites aux malades de crainte d'?tre fortement touch?s par le mal. D'autres h?pitaux, ailleurs au Qu?bec, les imitent.

    Pas de rem?de

    Au d?but d'octobre, la grippe fait rage ? Shawinigan. Le directeur de l'Unit? sanitaire, le docteur O. Chabot, tient un d?compte serr? de la progression de la maladie. Ainsi, apprend-on que 46 % des ?l?ves de l'?cole Saint-Charles-Garnier et 37 % de l'acad?mie Saint-Marc sont atteints. La grippe se r?pand facilement chez les enfants et, en g?n?ral, les filles sont plus vuln?rables au virus que les gar?ons. L'enqu?te de Chabot le conduit m?me dans les usines de cette ville industrielle, o? il constate que ?le nombre d'absences n'est que normal pour ce temps-ci de l'ann?e, soit environ 3 %?.

    Le rem?de miracle n'existe pas. ?? longueur de journ?e?, ?crit le journaliste Jean-Paul DeLagrave, dans Le Nouvelliste, ?les appels t?l?phoniques demandant des conseils ne d?rougissent pas ? l'Unit? sanitaire de Trois-Rivi?res. Il en est ainsi pour les pharmacies o? les m?dicaments, sp?cialement des aspirines, des supporifiques [sic), des d?sinfectants, ne cessent d'?tre exp?di?s ? domicile.? Les religieuses du couvent Sainte-Jeanne-d'Arc de Shawinigan, l'auraient trouv?, elles, le rem?de: porter sur soi un morceau de camphre. ?Il semble que toutes les ?l?ves aient profit? du conseil. Quelques rares cas de grippe ont ?t? signal?s?, ?crit le quotidien mauricien. Mais, ? la v?rit?, d?clare le directeur de l'Unit? sanitaire de Trois-Rivi?res, le docteur Jean Dargis, le meilleur rempart contre la grippe, c'est la maison, et un traitement ? domicile est sup?rieur ? l'hospitalisation.

    Bient?t, le 30 octobre, Le Devoir titre en page trois que la grippe bat en retraite. Non sans que la Ville de Qu?bec ait ?t? durement frapp?e. En effet, dix jours auparavant, alors que 65 % des enfants des ?coles de Qu?bec ?taient atteints et apr?s consultation avec le maire Wilfrid Hamel, le docteur Berchmans Charest, directeur du Service municipal de sant?, avait ordonn? ? la Commission des ?coles catholiques de la ville de fermer toutes les ?coles. Et la grippe s'ach?ve enfin apr?s avoir fait beaucoup de malades, mais peu de morts.

    Une m?decine de brousse

    Refaisant la route de la grippe asiatique de 1957 ? travers une partie de la presse ?crite qu?b?coise de l'?poque, il est ?tonnant de constater l'absence de coordination ? l'?chelle du Qu?bec. Jamais le ministre qu?b?cois de la Sant? de l'?poque, Arthur Leclerc, ne prend la parole. Jamais son minist?re n'y va d'un plan d'attaque et de directives pour l'ensemble des citoyens. Le minist?re d'?ducation inexistant, le r?seau scolaire qu?b?cois est laiss? ? lui-m?me. Ainsi, des ?coles ferment lorsque l'institutrice tombe malade, d'autre restent ouvertes.

    Les villes s'en remettent aux m?decins de sant? publique. ? Montr?al, c'est le docteur Ad?lard Groulx, directeur de la Sant? municipale. ? Qu?bec, Berchmans Charest. ? Trois-Rivi?res, Jean Dargis. Chacun, dirait-on, pratique une m?decine de brousse au meilleur de sa connaissance. Ainsi, chaque lundi, le docteur Charest, ? Qu?bec, demande ? ses 13 infirmi?res de faire la tourn?e des ?coles pour avoir un portrait de la situation. Dans certaines localit?s, se rendant compte que les enfants en cong? fr?quentent la biblioth?que municipale, on ferme alors ces lieux de lecture, alors que d'autres les gardent ouverts.

    Et l'?cho dans les journaux qu?b?cois de ce qui se passe ailleurs au Canada laisse croire que chaque coin de pays est laiss? ? ses propres initiatives. Puis, lorsqu'un vaccin sera approuv? par le minist?re f?d?ral de la Sant? et que commencera l'inoculation, la grippe asiatique A(H2N2) aura d?j? fortement r?gress?.

    Nombre de d?c?s

    Il est difficile de conna?tre le nombre de d?c?s, m?me approximatif, caus?s par la grippe asiatique de 1957. Dans le rapport annuel du minist?re de la Sant? du Qu?bec pour l'ann?e 1957, le docteur A.-R. Foley, responsable de la division de l'?pid?miologie, ?crit simplement: ?La pand?mie de grippe asiatique qui a couvert le monde a frapp? notre province dans la semaine du 21 septembre ? quatre endroits simultan?ment: Rouyn, Sherbrooke, Trois-Rivi?res et Hull. Nous croyons que ces quatre foyers ont ?t? d?termin?s par des voyageurs revenant d'Europe et qui ont fait la travers?e sur le m?me transatlantique. L'?pid?mie provinciale a dur? huit semaines et elle a nettement progress? de l'ouest de la province vers l'est. La maladie a ?t? ?pid?mique dans tous les comt?s de l'ouest dans la semaine finissant le 28 septembre et elle s'est termin?e dans les comt?s de la Gasp?sie et le comt? de Saguenay dans la semaine finissant le 16 novembre. [...] Bien que la grippe ait ?t? d?bilitante, elle n'a pas cependant d?montr? un caract?re de s?v?rit? excessive. La grande majorit? des d?c?s survenus a ?t? caus?e par la pneumonie ? staphylocoque.?

    Pas plus qu'ici m?me, on n'arrivera pas ? conna?tre le nombre de d?c?s venus de cette grippe ? l'?chelle de la plan?te. Pour la grippe espagnole de 1918, les sources, fort diverses, se contentent d'avancer qu'elle fit entre 20 millions et 100 millions de morts! Allez savoir alors. Chose certaine, les revues scientifiques de m?decine des derni?res ann?es de la d?cennie 1950 concluent qu'en une ann?e, de janvier ? d?cembre 1957, le virus A(H2N2) a touch? tous les pays du monde, et qu'il fut de forte incidence, mais de faible mortalit? (?one of high incidence but low mortality?). Nous l'avons ?chapp? belle.


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