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Inconvenants stocks vaccinaux
? Il est inconvenant de continuer ? proposer la vaccination ?
Un entretien avec le Dr Alain Fisch
Elargissons aujourd?hui, avec le Dr Alain Fisch, le cercle des sp?cialistes et des points de vue sur la gestion pass?e, pr?sente et ? venir de la pand?mie grippale. Chef de service au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve Saint-Georges (alain.fisch@chiv.fr), pr?sident de l?Institut des Etudes Epid?miologiques et Prophylactiques (IDEEP) le Dr Fisch est d?autre part le cr?ateur du site sante-voyages.com.
? Gripette ? ou ? catastrophe programm?e ? ? Dans quel groupe d?experts vous situez-vous vis-?-vis de l?actuelle pand?mie ?
Il n?est certainement pas ? l?ordre du jour de parler de ? grippette ? avec ce Myxovirus ?trange qui a ?merg? en mars dans l?h?misph?re Nord, qui est tr?s contagieux et antig?niquement proche du A(H1N1) de la grippe ? espagnole ?. D?une mani?re g?n?rale il faut toujours se m?fier des Myxovirus, ces virus aux capacit?s d?adaptation, de mutation et de s?lection extr?mes ; des virus qui plus est impossibles ? ?radiquer sauf ? envisager l??limination de tous les oiseaux, de tous les porcins? jusqu?aux furets.
Estimez-vous de ce fait que le plan fran?ais de lutte contre la pand?mie ?tait parfaitement justifi? ?
Attention, la m?fiance des infectiologues pour ce virus ne veut pas dire adh?sion aveugle ? toutes les mesures gouvernementales. Pr?cisons.
Acheter, pour un milliard d?euros, 94 millions de doses de vaccins, n??tait pas selon moi une faute mais une erreur excusable. L?ensemble du monde scientifique estimait, ? l??poque des commandes, qu?il faudrait deux doses par personne vaccin?e pour obtenir une immunit? solide.
Acheter en masse de l?oseltamivir (Tamiflu?) ?tait plus discutable compte tenu de l?absence de preuves formelles de l?aptitude ?toujours d?battue- de ce m?dicament antiviral ? am?liorer le pronostic des formes graves. Quant ? sa capacit? ? pr?venir, par une prescription pr?coce pr?somptive (s?adressant ? tous syndromes ? grippaux ?), elle n?est toujours pas ?valu?e en termes d?efficacit? op?rationnelle (la plupart des syndromes ? grippaux ? n??tant pas li?s au A(H1N1)v, ni en termes de b?n?fices/risques ?l?oseltamivir n??tant pas aussi anodin que l?on veut bien le croire, individuellement et peut-?tre en termes de sant? publique. Mais le gouvernement avait ?t? traumatis? par la calamiteuse gestion de la canicule : apr?s ne pas en avoir fait assez, il fallait d?sormais en faire trop.
Acheter des masques chirurgicaux et FFP2 ? hauteur (semble-t-il) d?un milliard d?unit?s, paraissait logique mais apparut bien vite antagoniste avec l?option ? tout vaccin ? ; de fait la population fran?aise fut d?sempar?e et ne porta jamais le moindre masque : quelqu?un a-t-il jamais vu un usager de la RATP, un passant dans la rue, un m?decin g?n?raliste, en porter un ?
Tout cela pour un milliard et demi d?euros auxquels il faudra ajouter les co?ts logistiques, les r?quisitions, les co?ts indirects, les arr?ts de travail ? pr?somptifs ?? Peut-?tre atteindrons-nous ou d?passerons-nous les deux milliards d?euros.
Vous estimez que l?on aurait pu agir de mani?re plus efficace et ? moindre co?t ?
Je pense surtout que l?heure est venue de regarder les choses diff?remment. La vaccination est un ?chec ?pid?miologique : trois ou au mieux quatre millions de personnes vaccin?es sur 65 millions d?habitants n?auront eu aucun impact sur l??volution nationale de la pand?mie. Cette pand?mie est en d?clin depuis un mois aux Etats-Unis, depuis 15 jours dans la plupart des pays de l?ouest europ?en et commence sa d?fervescence en France. L?immunit? vaccinale ?tant ?tablie trois semaines apr?s l?injection vaccinale, il est inconvenant de continuer ? proposer la vaccination, ? force de r?quisitions, pendant cette p?riode de f?tes ; ceci dit, les centres de vaccinations sont d?j? d?sert?s ?sauf par les m?decins, internes, infirmi?res, ?l?ves infirmi?res et agents administratifs r?quisitionn?s?..
Vous estimez donc que le gros de la vague est d?finitivement pass? ?
Non, car il faut tenir compte des capacit?s de ce virus ? ? rebondir ? ? tout moment. De nombreux ?l?ments laissent d?autre part penser qu?il reviendra certainement l?hiver prochain apr?s son deuxi?me passage au sud d?s l?hiver austral. Quelle sera alors son agressivit? ? A cette interrogation, il n?y a qu?une seule r?ponse : pr?voir l?hypoth?se la pire, sans affolement. Dans l?hypoth?se o? c?est un virus de haute l?talit? qui reviendra (ou qui menacera de revenir) il faudra craindre les sarcasmes des Fran?ais : ? On nous a d?j? fait le coup l?ann?e derni?re !? ? En toute hypoth?se le virus qui reviendra sera diff?rent, comme tous les autres Myxovirus ; les vaccins actuels seront alors inefficaces et il faudra en produire de nouveaux ; les stocks (91 millions de doses? ) passeront ? la poubelle.
Il est donc bien probable que le virus A(N1N1)v devienne ? son tour un virus saisonnier. A ce propos, il est int?ressant de noter que les virus saisonniers pr?vus cette ann?e (A/Brisbane/59/2007 (H1N1), A/Brisbane/10/2007 (H3N2), B/Brisbane/60/2008) n?ont pas montr? leur nez. Le A(H1N1)v a impos? sa domination, sans doute par sa contagiosit? sup?rieure. De ce fait, ? ce jour, le virus variant a sauv? ?norm?ment de vies.
Que voulez-vous dire ?
Une grippe saisonni?re normale, bon an mal an, tue 5000 personnes en France, dont 1 ? 2% ne pr?sentant pas de facteurs de risque. A ce jour le virus variant en a tu? a 168 reprises (bilan au 21 d?cembre) et on admet que dans 20% des cas les victimes n?avaient aucun facteur de risque.
Conclusion logique : dans l??tat actuel du virus variant, il n?est pas pertinent de vacciner : une vaccination massive aurait peut-?tre lev? la pression dominante que ce nouveau virus exerce sur les virus saisonniers ; nous aurions alors peut-?tre eu une double ?pid?mie avec les deux mortalit?s cumul?es. Le comportement instinctif des Fran?ais, (souvent non d?nu? de finesse) a su leur faire prendre collectivement une distance certaine par rapport ? la vaccination propos?e contre le A(H1N1)v.
Le gouvernement aurait certes pu faire de m?me. Mais il aurait fallu pour cela que la gestion de la crise soit, ces derniers mois, assur?e par des techniciens pleinement libres de leurs actes et non pas soumis ? la f?rule des politiques.
Propos recueillis par Jean-Yves Nau
Un ?chec cuisant sur lequel il va falloir se pencher
Souvenons-nous : ao?t-septembre 2009, nous franchissions une premi?re ?tape, un premier gu? de la pand?mie. Les digues australes avaient tenu. Le virus s??tait montr? certes contagieux mais d?une virulence ? deux vitesses : peu agressif chez la plupart des personnes qu?il infectait, il pouvait aussi devenir redoutable chez une petite minorit? (parfois sans facteurs de risque apparents et donc sans que l?on comprenne pr?cis?ment pourquoi).
Ao?t- septembre 2009 ?tait un peu la ? dr?le de guerre ? de cette pand?mie dans l?h?misph?re Nord. Nous ?tions camp?s dans nos tranch?es, les stocks de minutions s?accumulaient (dans certains pays) et bient?t les premi?res controverses ?clataient. L?Etat en faisait trop. L?ind?cence ?tait d?nonc?e. Les experts agissaient au nom d?int?r?ts inavou?s. Rien ne venait. Rien ne viendrait peut-?tre.
Puis l?automne de l?ann?e 2009 a d?voil? (en d?pit de la douceur quasi-in?gal?e des temp?ratures) le visage encore certes inconnu de cette grippe, mais fid?le aux photographies transmises par l?h?misph?re Sud pendant notre ?t?.
Dresser en ce premier jour de l?hiver le bilan de cette pand?mie ? N?est-il pas un peu t?t pour penser que la saison est termin?e ? jusqu?? l?arriv?e de l?hiver austral suivant ? ? Peut-on affirmer que la souche qui reviendra sera beaucoup plus virulente et qu?elle n?cessitera de jeter les stocks de vaccins actuels ? Il ne me semble pas aujourd?hui possible de l?affirmer.
Je ne crois pas pour ma part qu?il soit inopportun de continuer les vaccinations. Je suis d?accord cependant de reconna?tre que la campagne des vaccinations a ?t? un ?chec cuisant sur lequel il va falloir se pencher. Pour une fois que nous avions pr?vu qu?une pand?mie de grippe allait arriver? Pour une fois que nous avions dimensionn? les usines de production du vaccin de mani?re ? ce qu?il soit disponible pour tous?. Pour une fois que nous disposions d?un vaccin efficace et s?r seulement quelques mois apr?s l??mergence d?un virus?
Force est bien de constater que la population fran?aise s?est montr?e r?ticente ? suivre les recommandations pr?conis?es. Ce qui se v?rifie aussi dans la plupart des pays occidentaux. Il est trop t?t pour dresser le bilan de tout cela. Mais ce bilan sera bien ?videmment fait un jour. Avec aujourd?hui ce constat : il n?est pas possible de vacciner en masse une population qui ne le souhaite pas. Pourquoi ? Il conviendra d?investir davantage dans les recherches multidisciplinaires qui nous permettront de comprendre un jour prochain pourquoi nos contemporains n?ont pas souhait?s se prot?ger quand on leur a propos?.
Nous nous posons les m?mes questions concernant les masques.
Mais serait-il dangereux de se faire vacciner aujourd?hui ? Pourquoi donc ? Se faire vacciner, par un vaccin dont on a une exp?rience plan?taire plut?t r?ussie, ne me semble pas faire courir un risque particulier, et peut encore prot?ger contre le retour certes hypoth?tique du virus durant l?hiver. Je ne crois donc pas que ce soit un mauvais calcul, m?me si je reconnais qu?il est un peu tardif.
Quant ? l?utilisation du Tamiflu, le Dr Fisch a raison de souligner qu?il manque encore des preuves de son efficacit?, notamment dans la pr?vention des complications de la grippe. Il n?y a pas non plus d??valuation bien conduite de son utilisation de masse. Cependant, c?est un m?dicament qui a montr? son efficacit? et sa relative innocuit? en traitement et en prophylaxie individuels, ? partir de plusieurs essais cliniques convaincants. Efficacit?, mais pas miracle th?rapeutique ! Inocuit?, mais pas absence d?effets ind?sirables?
Nous sommes bel et bien aujourd?hui sur le deuxi?me gu?. Combien sont ? venir ? Quelle sera l?ampleur des prochaines crues ? La suite, comme toujours est ? ?crire. Ensemble.
Antoine Flahault
22/12/2009, 9:26 PM GMT
? Il est inconvenant de continuer ? proposer la vaccination ?
Un entretien avec le Dr Alain Fisch
Elargissons aujourd?hui, avec le Dr Alain Fisch, le cercle des sp?cialistes et des points de vue sur la gestion pass?e, pr?sente et ? venir de la pand?mie grippale. Chef de service au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve Saint-Georges (alain.fisch@chiv.fr), pr?sident de l?Institut des Etudes Epid?miologiques et Prophylactiques (IDEEP) le Dr Fisch est d?autre part le cr?ateur du site sante-voyages.com.
? Gripette ? ou ? catastrophe programm?e ? ? Dans quel groupe d?experts vous situez-vous vis-?-vis de l?actuelle pand?mie ?
Il n?est certainement pas ? l?ordre du jour de parler de ? grippette ? avec ce Myxovirus ?trange qui a ?merg? en mars dans l?h?misph?re Nord, qui est tr?s contagieux et antig?niquement proche du A(H1N1) de la grippe ? espagnole ?. D?une mani?re g?n?rale il faut toujours se m?fier des Myxovirus, ces virus aux capacit?s d?adaptation, de mutation et de s?lection extr?mes ; des virus qui plus est impossibles ? ?radiquer sauf ? envisager l??limination de tous les oiseaux, de tous les porcins? jusqu?aux furets.
Estimez-vous de ce fait que le plan fran?ais de lutte contre la pand?mie ?tait parfaitement justifi? ?
Attention, la m?fiance des infectiologues pour ce virus ne veut pas dire adh?sion aveugle ? toutes les mesures gouvernementales. Pr?cisons.
Acheter, pour un milliard d?euros, 94 millions de doses de vaccins, n??tait pas selon moi une faute mais une erreur excusable. L?ensemble du monde scientifique estimait, ? l??poque des commandes, qu?il faudrait deux doses par personne vaccin?e pour obtenir une immunit? solide.
Acheter en masse de l?oseltamivir (Tamiflu?) ?tait plus discutable compte tenu de l?absence de preuves formelles de l?aptitude ?toujours d?battue- de ce m?dicament antiviral ? am?liorer le pronostic des formes graves. Quant ? sa capacit? ? pr?venir, par une prescription pr?coce pr?somptive (s?adressant ? tous syndromes ? grippaux ?), elle n?est toujours pas ?valu?e en termes d?efficacit? op?rationnelle (la plupart des syndromes ? grippaux ? n??tant pas li?s au A(H1N1)v, ni en termes de b?n?fices/risques ?l?oseltamivir n??tant pas aussi anodin que l?on veut bien le croire, individuellement et peut-?tre en termes de sant? publique. Mais le gouvernement avait ?t? traumatis? par la calamiteuse gestion de la canicule : apr?s ne pas en avoir fait assez, il fallait d?sormais en faire trop.
Acheter des masques chirurgicaux et FFP2 ? hauteur (semble-t-il) d?un milliard d?unit?s, paraissait logique mais apparut bien vite antagoniste avec l?option ? tout vaccin ? ; de fait la population fran?aise fut d?sempar?e et ne porta jamais le moindre masque : quelqu?un a-t-il jamais vu un usager de la RATP, un passant dans la rue, un m?decin g?n?raliste, en porter un ?
Tout cela pour un milliard et demi d?euros auxquels il faudra ajouter les co?ts logistiques, les r?quisitions, les co?ts indirects, les arr?ts de travail ? pr?somptifs ?? Peut-?tre atteindrons-nous ou d?passerons-nous les deux milliards d?euros.
Vous estimez que l?on aurait pu agir de mani?re plus efficace et ? moindre co?t ?
Je pense surtout que l?heure est venue de regarder les choses diff?remment. La vaccination est un ?chec ?pid?miologique : trois ou au mieux quatre millions de personnes vaccin?es sur 65 millions d?habitants n?auront eu aucun impact sur l??volution nationale de la pand?mie. Cette pand?mie est en d?clin depuis un mois aux Etats-Unis, depuis 15 jours dans la plupart des pays de l?ouest europ?en et commence sa d?fervescence en France. L?immunit? vaccinale ?tant ?tablie trois semaines apr?s l?injection vaccinale, il est inconvenant de continuer ? proposer la vaccination, ? force de r?quisitions, pendant cette p?riode de f?tes ; ceci dit, les centres de vaccinations sont d?j? d?sert?s ?sauf par les m?decins, internes, infirmi?res, ?l?ves infirmi?res et agents administratifs r?quisitionn?s?..
Vous estimez donc que le gros de la vague est d?finitivement pass? ?
Non, car il faut tenir compte des capacit?s de ce virus ? ? rebondir ? ? tout moment. De nombreux ?l?ments laissent d?autre part penser qu?il reviendra certainement l?hiver prochain apr?s son deuxi?me passage au sud d?s l?hiver austral. Quelle sera alors son agressivit? ? A cette interrogation, il n?y a qu?une seule r?ponse : pr?voir l?hypoth?se la pire, sans affolement. Dans l?hypoth?se o? c?est un virus de haute l?talit? qui reviendra (ou qui menacera de revenir) il faudra craindre les sarcasmes des Fran?ais : ? On nous a d?j? fait le coup l?ann?e derni?re !? ? En toute hypoth?se le virus qui reviendra sera diff?rent, comme tous les autres Myxovirus ; les vaccins actuels seront alors inefficaces et il faudra en produire de nouveaux ; les stocks (91 millions de doses? ) passeront ? la poubelle.
Il est donc bien probable que le virus A(N1N1)v devienne ? son tour un virus saisonnier. A ce propos, il est int?ressant de noter que les virus saisonniers pr?vus cette ann?e (A/Brisbane/59/2007 (H1N1), A/Brisbane/10/2007 (H3N2), B/Brisbane/60/2008) n?ont pas montr? leur nez. Le A(H1N1)v a impos? sa domination, sans doute par sa contagiosit? sup?rieure. De ce fait, ? ce jour, le virus variant a sauv? ?norm?ment de vies.
Que voulez-vous dire ?
Une grippe saisonni?re normale, bon an mal an, tue 5000 personnes en France, dont 1 ? 2% ne pr?sentant pas de facteurs de risque. A ce jour le virus variant en a tu? a 168 reprises (bilan au 21 d?cembre) et on admet que dans 20% des cas les victimes n?avaient aucun facteur de risque.
Conclusion logique : dans l??tat actuel du virus variant, il n?est pas pertinent de vacciner : une vaccination massive aurait peut-?tre lev? la pression dominante que ce nouveau virus exerce sur les virus saisonniers ; nous aurions alors peut-?tre eu une double ?pid?mie avec les deux mortalit?s cumul?es. Le comportement instinctif des Fran?ais, (souvent non d?nu? de finesse) a su leur faire prendre collectivement une distance certaine par rapport ? la vaccination propos?e contre le A(H1N1)v.
Le gouvernement aurait certes pu faire de m?me. Mais il aurait fallu pour cela que la gestion de la crise soit, ces derniers mois, assur?e par des techniciens pleinement libres de leurs actes et non pas soumis ? la f?rule des politiques.
Propos recueillis par Jean-Yves Nau
Un ?chec cuisant sur lequel il va falloir se pencher
Souvenons-nous : ao?t-septembre 2009, nous franchissions une premi?re ?tape, un premier gu? de la pand?mie. Les digues australes avaient tenu. Le virus s??tait montr? certes contagieux mais d?une virulence ? deux vitesses : peu agressif chez la plupart des personnes qu?il infectait, il pouvait aussi devenir redoutable chez une petite minorit? (parfois sans facteurs de risque apparents et donc sans que l?on comprenne pr?cis?ment pourquoi).
Ao?t- septembre 2009 ?tait un peu la ? dr?le de guerre ? de cette pand?mie dans l?h?misph?re Nord. Nous ?tions camp?s dans nos tranch?es, les stocks de minutions s?accumulaient (dans certains pays) et bient?t les premi?res controverses ?clataient. L?Etat en faisait trop. L?ind?cence ?tait d?nonc?e. Les experts agissaient au nom d?int?r?ts inavou?s. Rien ne venait. Rien ne viendrait peut-?tre.
Puis l?automne de l?ann?e 2009 a d?voil? (en d?pit de la douceur quasi-in?gal?e des temp?ratures) le visage encore certes inconnu de cette grippe, mais fid?le aux photographies transmises par l?h?misph?re Sud pendant notre ?t?.
Dresser en ce premier jour de l?hiver le bilan de cette pand?mie ? N?est-il pas un peu t?t pour penser que la saison est termin?e ? jusqu?? l?arriv?e de l?hiver austral suivant ? ? Peut-on affirmer que la souche qui reviendra sera beaucoup plus virulente et qu?elle n?cessitera de jeter les stocks de vaccins actuels ? Il ne me semble pas aujourd?hui possible de l?affirmer.
Je ne crois pas pour ma part qu?il soit inopportun de continuer les vaccinations. Je suis d?accord cependant de reconna?tre que la campagne des vaccinations a ?t? un ?chec cuisant sur lequel il va falloir se pencher. Pour une fois que nous avions pr?vu qu?une pand?mie de grippe allait arriver? Pour une fois que nous avions dimensionn? les usines de production du vaccin de mani?re ? ce qu?il soit disponible pour tous?. Pour une fois que nous disposions d?un vaccin efficace et s?r seulement quelques mois apr?s l??mergence d?un virus?
Force est bien de constater que la population fran?aise s?est montr?e r?ticente ? suivre les recommandations pr?conis?es. Ce qui se v?rifie aussi dans la plupart des pays occidentaux. Il est trop t?t pour dresser le bilan de tout cela. Mais ce bilan sera bien ?videmment fait un jour. Avec aujourd?hui ce constat : il n?est pas possible de vacciner en masse une population qui ne le souhaite pas. Pourquoi ? Il conviendra d?investir davantage dans les recherches multidisciplinaires qui nous permettront de comprendre un jour prochain pourquoi nos contemporains n?ont pas souhait?s se prot?ger quand on leur a propos?.
Nous nous posons les m?mes questions concernant les masques.
Mais serait-il dangereux de se faire vacciner aujourd?hui ? Pourquoi donc ? Se faire vacciner, par un vaccin dont on a une exp?rience plan?taire plut?t r?ussie, ne me semble pas faire courir un risque particulier, et peut encore prot?ger contre le retour certes hypoth?tique du virus durant l?hiver. Je ne crois donc pas que ce soit un mauvais calcul, m?me si je reconnais qu?il est un peu tardif.
Quant ? l?utilisation du Tamiflu, le Dr Fisch a raison de souligner qu?il manque encore des preuves de son efficacit?, notamment dans la pr?vention des complications de la grippe. Il n?y a pas non plus d??valuation bien conduite de son utilisation de masse. Cependant, c?est un m?dicament qui a montr? son efficacit? et sa relative innocuit? en traitement et en prophylaxie individuels, ? partir de plusieurs essais cliniques convaincants. Efficacit?, mais pas miracle th?rapeutique ! Inocuit?, mais pas absence d?effets ind?sirables?
Nous sommes bel et bien aujourd?hui sur le deuxi?me gu?. Combien sont ? venir ? Quelle sera l?ampleur des prochaines crues ? La suite, comme toujours est ? ?crire. Ensemble.
Antoine Flahault
22/12/2009, 9:26 PM GMT