Announcement

Collapse
No announcement yet.

Grippe A: pourquoi il faut absolument se vacciner

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Grippe A: pourquoi il faut absolument se vacciner

    Grippe A: pourquoi il faut absolument se vacciner


    Elie Ari? - M?decin

    Elie Ari? revient sur les longues discussions entre internautes sur le vaccin, et en tire la conclusion que la plupart des gens n'ont rien compris ? sa raison d'?tre.


    Ayant beaucoup ferraill? sur les commentaires des diff?rents articles consacr?s ? la grippe A (H1N1) et sa vaccination, je voudrais prendre un peu de recul vis-?-vis de mes contradicteurs et en tirer deux le?ons, assez d?sesp?rantes, qui semblent ?tre pass?es inaper?ues.

    La premi?re est de constater ? quel point, dans notre soci?t?, l??go?sme individualiste l?emporte sur le sens de l?int?r?t g?n?ral.

    Rappelons l?objectif de cette campagne de vaccination, qui n?est ?videmment pas motiv?e par une grippe dont la mortalit? ne d?passe pas celle des grippes saisonni?res banales : il consiste, pour la premi?re fois, ? anticiper sur un risque grave, celui de la mutation d?un virus particuli?rement contagieux en un virus qui deviendrait aussi tr?s mortel.

    Ce n?est pas un mythe, la chose s?est d?j? produite en 1918-1919, avec la grippe dite ? espagnole ?, qui a tu? 100 millions de personnes, mais qui en tuerait bien plus aujourd?hui, parce que la terre compte 6,8 milliards d?habitants contre 1,9 ? l??poque, et que les ?changes et moyens de communication se sont beaucoup d?velopp?s (on consid?re qu?aujourd?hui, la grippe contaminerait en une journ?e autant de monde que celle de 1918 en trois mois).

    Cet objectif est fond? sur un pari, celui selon lequel le vaccin contre le virus actuel resterait efficace au cas o? la mutation redout?e se produirait ; ce n?est pas une certitude, mais c?est un pari raisonnable, tout d?pend de la partie du virus sur laquelle porterait la mutation ; surtout, il s?agit de tenter quelque chose qui a une chance de r?ussir, plut?t que de ne rien faire sinon prier pour que cette mutation ne se produise pas (comme ont choisi de le faire les tr?s catholiques Polonais?).

    L?id?e est donc de faire cesser cette ?pid?mie, actuellement b?nigne, en vaccinant le plus de gens possible, avant que cette mutation redout?e ait pu se produire : apr?s, il sera trop tard.

    Or, on constate que cette dimension collective est totalement ?trang?re aux pr?occupations des adversaires de la vaccination, et on mesure l?extraordinaire r?gression qui s?est produite, dans les mentalit?s, par rapport ? l??poque o? tout le monde acceptait de prendre le risque individuel du vaccin obligatoire et dangereux contre la variole pour remporter une victoire collective contre cette maladie ? victoire qui a effectivement ?t? remport?e ; dans le domaine de la vaccination comme dans tant d?autres, le sens de l?int?r?t g?n?ral et de la solidarit? collective a ?t? vaincu par celui de la perception purement individualiste face ? un danger qui nous menace tous (? que les autres se vaccinent, j?en profiterai sans prendre le risque personnel d?une vaccination ?).

    Triste ironie, cet ?go?sme individuel est souvent le fait de gens qui se r?clament ? de la gauche ?, et qui se justifient par des pr?textes ? la pu?rilit? d?risoire : ? c?est le gouvernement Sarkozy qui a pris cette d?cision ? (comme si n?importe quel autre gouvernement en aurait pris une autre, comme s?il existait un seul parti politique ?y inclus d?extr?me-gauche- qui la contestait), ? les labos pharmaceutiques vont se faire de l?argent ? (comme si tout ce qu?ils produisaient ?tait m?dicalement inutile du seul fait qu?il g?n?re un profit).

    La seconde est celle de l?inutilit? de l?argumentation logique face ? ce qui rel?ve d?une conviction intime totalement irrationnelle.

    Beaucoup d?adversaires de la vaccination font ?tat de ses risques statistiquement d?risoires, notamment ? ceux li?s ? l?utilisation d?adjuvants tels que le squal?ne, sur lequel on a un large recul de plus de 10 ans, confirm? aujourd?hui par la pharmacovigilance du vaccin actuel, qui fait ?tat, en France seule, d?une quinzaine de r?actions graves sur plus de 3 millions de personnes vaccin?es, proportion que l?on retrouve dans tous les autres pays du monde, et qui ne laisse plus subsister aucun doute sur le rapport b?n?fices/risques de ce vaccin (en rappelant, encore une fois, que le b?n?fice recherch? n?est pas celui de diminuer la faible mortalit? actuelle, mais de mettre fin ? l??pid?mie avant qu?une mutation dangereuse ait pu se produire).

    Cette approche est illustr?e par ceux qui avancent sans sourciller que si l?effet nocif du squal?ne n?a pu ?tre d?montr?, c?est parce que cette preuve est tr?s difficile ? apporter?ce qui revient ? consid?rer que ? si une chose est difficile ? prouver, on peut consid?rer qu?elle est prouv?e ? ! J?avais r?pondu ? l?un d?entre eux qu?il est heureux que les Cours d? Assise ne raisonnent pas ainsi?mais j?avais tort : elles raisonnent effectivement souvent ainsi, faisant passer leur ? conviction intime ? avant des preuves souvent absentes?d?marche qui est ? l ?origine de toutes les erreurs judiciaires.

    Car, avec les adversaires de la vaccination, nous sommes bien face ? une ? conviction intime ? : la culpabilit? de l?accus? (le squal?ne) est certaine pour eux, ce sont des jur?s d? Assise qui sont dans le pr?-jug? ; il s?agit uniquement d?en rechercher les preuves, et, en leur absence, de s?en passer ; la pr?somption de culpabilit? a remplac? la pr?somption d?innocence.

    D?o? ce qui frappe le plus, dans les milliers de commentaires ?chang?s entre mariannautes : personne n?a convaincu personne ; ceux qui sont dans le domaine de l?irrationnel (souvent les m?mes qui d?fendaient la ? th?orie du complot du 11.9 ?) sont anim?s par une ? conviction intime ? qui trouve son origine dans une certaine structuration de leur psychologie, et qu?aucun argument ne pourra ?videmment jamais entamer : il est vain d?aller pr?cher l?ath?isme dans une ?glise, une mosqu?e, un temple ou une synagogue.

    Quelles cons?quences en tirer pour l?avenir ?

    Tous les virologues sont unanimes sur un point : compte tenu de la fr?quence des mutations du virus de la grippe, nous nous trouverons un jour face ? un virus grippal ? la fois tr?s contagieux et tr?s mortel : on ne sait pas quand, mais il s?agit l? d?une certitude statistique.

    L??pisode actuel aura au moins servi, tant aux laboratoires pharmaceutiques qu?aux pouvoirs publics, de r?p?tition g?n?rale et d?apprentissage sur la fa?on de faire face ? cette situation in?dite?et on a pu constater que cet apprentissage n??tait pas un luxe inutile.

    Mais nous savons d?sormais que, ce jour-l?, l?obstacle majeur ? l?efficacit? des mesures prises r?sidera dans la r?gression extraordinaire de l?esprit de solidarit? collective et d?approche rationnelle des probl?mes qui caract?rise notre ?poque?et pas seulement en mati?re de vaccinations.
Working...
X