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Grippe et vaccin: la d?bandade gouvernementale par Jean-Yves Nau

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  • Grippe et vaccin: la d?bandade gouvernementale par Jean-Yves Nau

    Grippe et vaccin: la d?bandade gouvernementale

    Peut-on encore aujourd'hui, en France, tenter de parler raisonnablement de pand?mie grippale et de sant? publique?


    La question d?sormais s'impose: peut-on encore aujourd'hui, en France, tenter de parler raisonnablement de pand?mie grippale et de sant? publique? Peut-on s'y risquer sans ?tre aussit?t accus? de faire (consciemment ou pas) le m?chant jeu de quelques multinationales pharmaceutiques (pour ne pas, horreur) faire celui du gouvernement?

    Cette question s'impose parce que tout se pr?cipite. Il y a quelques semaines encore, de nombreuses personnalit?s pouvaient l?gitimement prendre la parole sur ce sujet. Or les m?mes ne cessent de perdre progressivement leur potentiel de cr?dibilit?. Qui plus est nous assistons d?sormais en direct ? la d?mission explicite de quelques responsables gouvernementaux; des responsables successeurs de ceux qui, jadis, se seraient fait un honneur de donner l'exemple sanitaire et vaccinal ? leurs concitoyens.

    En deux mots: confusion et r?gression.

    Dernier et ?clairant sympt?me: les r?ponses des membres du gouvernement publi?es par Le Parisien/Aujourd'hui en France dans son ?dition dat?e du 11 novembre. Ce quotidien interroge quotidiennement depuis des lustres ses lecteurs sur la question ?soci?tale? du jour. Il est heureusement aujourd'hui pass? ? l'?chelon gouvernemental; et certains membres du gouvernement (pas tous, loin s'en faut) r?pondent. Les citoyens peuvent ainsi commencer ? faire le partage entre ceux de leurs ministres qui ont clairement choisi de monter en ligne et tous les autres, qui r?pondent ou ne r?pondent pas; les ind?cis, les ?faut voir?, les ?on ne sait pas encore?, les ?silencieux qui n'en pensent pas moins?.

    On observera aussi que les ?volutions s?mantiques, ombres port?es des angoisses collectives, font que l'on est pass? en quelques jours de la ?vaccination? ? l' ?injection?. Ainsi la question pos?e est d?sormais bien celle de savoir si, oui ou non, on va se faire ?piquer?. Point n'est besoin d'?tre linguiste pour appr?cier.
    Ainsi donc, en ce glorieux 11 novembre 2009 (pour la premi?re fois franco-allemand), sont en partance m?diatique pour la ?piq?re? et la prochaine citation ? l'ordre du m?rite sanitaire ?antigrippal?: Roselyne Bachelot, ministre de la Sant?; Fran?ois Fillon, Premier ministre; Christine Lagarde, ministre de l'Economie; Val?rie P?cresse, ministre de l'Enseignement sup?rieur et de la Recherche; Xavier Bertrand, secr?taire g?n?ral de l'UMP (et ancien ministre de la Sant? officiant notamment non sans clart? dans les espaces de la grippe aviaire); Luc Chatel, ministre de l'Education nationale ; Xavier Darcos, ministre du Travail ou encore Bernard Accoyer (m?decin, sp?cialiste d'ORL) et pr?sident de l'Assembl?e nationale.

    On notera que le Pr Bernard Debr?, d?put? UMP de Paris (par ailleurs ancien ministre, sp?cialiste hospitalo-universitaire d'urologie et dont l'expression ?grippette? avait cet ?t? fait flor?s) revient, ? 65 ans, ? la raison: ?Je ne pouvais pas faire courir le risque aux personnes tr?s affaiblies que j'op?re d'attraper le virus? dit-il. Respire-t-on d?sormais mieux dans les couloirs et les chambres de l'h?pital Cochin de Paris?

    Et puis aux antipodes de la solidarit? sanitaire le refus total, ou presque: Chantal Jouanno, secr?taire d'Etat ? l'?cologie et Jean-Fran?ois Lamour, vieux manieur de sabre et jeune d?put? (UMP) qui ?ne ressent pas le besoin? de se faire vacciner.

    Et puis, comme depuis toute ?ternit?, entre les deux extr?mes, le marais. Belles et lourdes prises: Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo; ajouter au filet la fr?tillante mais d?cidemment trop m?connue Marie-Luce Penchard. Le pr?sident de la R?publique ne sait plus trop o? il en est de ses vaccinations et, comme souvent, attend l'avis de l'indispensable Val-de-Gr?ce. Le ministre de l'Ecologie? Il ?n'aime pas les piq?res?. Quant sa coll?gue Penchard, ministre de l'Outre-mer, elle nous dit ne pas trop savoir quelle conduite tenir, tout en expliquant faire ?confiance ? la m?decine de son pays?.

    Ne manquait que l'immanquable: celle qui ?ne souhaite pas r?pondre?. Le r?le est ici tenu par Nathalie Kosciusko-Morizet, pr?sentement secr?taire d'Etat ? l'Economie num?rique et que nous avons connue (11 novembre oblige) hautement plus ?monte en ligne?. Mme Kosciusko-Morizet est la maman (depuis un mois et demi) de Louis-Abel. A ce titre elle devrait, en toute rigueur ?pid?miologique, ?tre prioritairement immunis?e. Respect de la vie priv?e oblige cette jeune m?re responsable de nos avenirs ?conomiques et num?riques ne souhaite pas ?faire ?tat de son carnet de vaccination?. Dont acte. On attend d?sormais les r?ponses circonstanci?es des membres de la grande cohorte gouvernementale et de la haute administration.

    On se moque un peu, bien s?r. Mais comment faire autrement aujourd'hui que ne pas tenter de se moquer?
    Changeons un instant de focales. Humoristes et adversaires politiques brocardent Roselyne Bachelot. Bien ?trangement elle ?tait jusqu'? aujourd'hui la seule au sein du gouvernement (ne parlons pas du chef de l'Etat) ? monter quotidiennement sous le feu des projecteurs; comme si les cons?quences d'une pand?mie n'?taient que du seul ressort du minist?re de la sant?. (O? sont ici ses coll?gues de l'Int?rieur et de la Justice?). La ministre est de ce fait accus?e d'avoir -ce qui n'est pas faux - monopolis? depuis des mois la parole sur un ton aussi monocorde que peu convaincant.

    Et l'on en vient d?j? ? songer qu'un relatif silence minist?riel aurait, paradoxalement, pu ?tre plus productif. On suspecte aussi Mme Bachelot d'inciter ? la vaccination contre une maladie dont on peine ? percevoir la r?elle gravit?; et on la suspecte d'autant plus qu'elle n'a cess? de se glorifier de sa commande, pass?e cet ?t?, de 94 millions de doses vaccinales. Une commande faite dans des conditions dont on postule qu'elles pourraient (au minimum) ?tre l'objet de critiques le march? du vaccin, m?taphores r?currentes aidant, rejoignant ici celui des armes.

    Plus grave sans doute, contagion aidant, la suspicion vient ces derniers temps de gagner la communaut? des ?experts? en charge de conseiller le gouvernement. On d?couvre (ou plus pr?cis?ment certains feignent de d?couvrir) que certains d'entre eux, sp?cialistes renomm? de virologie, auraient des contacts avec des firmes pharmaceutiques sp?cialis?es dans la production de vaccins destin?s ? prot?ger contre des infections par des virus, notamment ceux de la grippe. On ne sait, pour l'heure, rien de plus quant ? la nature de ces contacts, quant ? leurs ?ventuelles cons?quences sur les d?cisions gouvernementales en mati?re de pr?vention. Qu'importe. Le savant n'est pas un saint. Le ver est dans le fruit. Le vaccin est impur.

    Et Roselyne Bachelot de remonter au front, de d?fendre ?ses? experts avec, il importe de le souligner, une forme de courage dont ont rarement fait preuve ses pr?d?cesseurs dans les temp?tes sanitaires qu'ils ont ?t? amen?s ? rencontrer. Et la ministre de tenter de croiser le fer avec les vents m?diatiques, de faire la liste de toutes les institutions qui conseillent le gouvernement sur les questions de sant? publique. Sera-t-elle entendue? Et quand?

    Un sympt?me de l'immense confusion confinant ? la r?gression? Dire ou ne pas dire que dans les h?pitaux parisiens, l'occupation des lits de r?animation p?diatrique a d?pass? le seuil d'alerte des 15 % du fait de la nouvelle grippe pand?mique? Dire ou ne pas dire que c'est ?? la demande du minist?re de la Sant?? que des ?experts? viennent nous ?expliquer? les enjeux de la vaccination chez les enfants. R?percuter ou pas ce que nous dit sur ce th?me ?? la demande du minist?re de la sant?? le site du Quotidien du m?decin?

    Extraits: ?La grippe est une maladie p?diatrique, ce sont les enfants qui contaminent les adultes, rappelle le Pr G?rard Ch?ron, chef de service aux urgences de l'h?pital Necker (Paris). La pand?mie due au nouveau virus A(H1N1)v est pr?sente actuellement chez les enfants un peu partout en France. En Ile-de-France, l'activit? des urgences p?diatriques a augment? de 80% au cours du mois d'octobre par rapport aux 4-5 derni?res ann?es. Il s'agissait de pathologies infectieuses avec indications de pr?l?vements, dont plus de 80% sont revenus positifs ? ce nouveau virus. Au sein des ?tablissements de l'Assistance Publique-H?pitaux de Paris, le seuil d'alerte d'occupation des lits de r?animation p?diatrique est d?pass?, ce qui implique de d?programmer d'autres activit?s de soins. Alors que le pic ?pid?mique n'est pas encore atteint, la situation est extr?mement limite, sans compter que l'?pid?mie de VRS va d?buter elle aussi... Il est vraisemblable que la situation en Ile-de-France va se g?n?raliser dans les grandes villes et dans tous les CHU de l'Hexagone.?

    Poursuivons dans les d?clarations de professionnels. ?Chez les enfants sains sans facteur de risque, il est impossible de pr?dire si tel ou tel fera une forme grave, souligne le Pr Catherine Weil-Olivier, p?diatre et membre du Comit? de lutte contre la grippe. Il est donc tr?s important de vacciner les enfants le plus largement possible afin de prot?ger ceux qui auraient d?velopp? des formes graves. Comme le syst?me immunitaire de l'enfant est en cours de maturation jusque l'?ge de 2 ans, on recommande un vaccin sans adjuvant chez les nourrissons de 6 ? 23 mois. En attendant, s'il existe des facteurs de risque particuliers ou si la pand?mie devient mena?ante, il est l?gitime de proposer la vaccination avec adjuvant chez les moins de 23 mois. Dans son dernier avis, le Haut Conseil de la sant? publique a d'ailleurs donn? un tr?s fort encouragement ? le faire. Pour les nourrissons de moins de 6 mois, c'est la strat?gie du cocooning. L'entourage doit ?tre vaccin?, c'est-?-dire toute personne vivant ? la maison.?

    Le Quotidien du m?decin prend, fort curieusement, bien soin de souligner que ces d?clarations sont extraites d'une ?conf?rence de presse organis?e, le 10 novembre 2009 ? Paris, ? la demande du minist?re de la sant??. Est-ce dire que les propos ici rapport?s sont suspects ?

    Jean-Yves Nau
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