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Jean-Yves Nau
<!--paging_filter-->Journaliste, docteur en m?decine, instituteur. A ?t? en charge des questions de m?decine de biologie et de bio?thique au Monde pendant trente ans.
Ouvrages: ?Le Journal de la vache folle?; 'Editions Georg, Gen?ve: ?Bio?thique, Avis de temp?te? (avec Herv? Chneiweiss); Editions Alvik); ?Faim de mots? (avec Jean Bardet); Editions Gl?nat.
A(H1N1): ?Tout vaccinal? contre tsunami viral
La politique fran?aise de lutte contre la grippe: le ?tout vaccinal? contre un possible ?tsunami viral?
Le mod?le fran?ais de lutte contre une pand?mie grippale est l'un des meilleurs au monde. C'est ce que ne cessent de dire les responsables gouvernementaux en charge de la gestion des crises sanitaires. Et ils le disent depuis qu'a ?t? ?labor? un plan national destin? initialement ? lutter contre une hypoth?tique pand?mie due au A(H5N1) de la grippe aviaire. La pand?mie due au A(H1N1) est l? et le plan va donc pouvoir d?montrer son caract?re op?rationnel. Pour l'heure, dans l'attente du tsunami viral, l'urgence est ? la p?dagogie ? tr?s hautes doses.
Le gouvernement avait certes d?j? annonc? ? plusieurs reprises qu'il avait choisi d'acqu?rir suffisamment de doses vaccinales pour que chaque Fran?ais qui le souhaiterait puisse ?tre prot?g?. Roselyne Bachelot, ministre de la Sant?, l'a redit une nouvelle fois mercredi 15 juillet en annon?ant, cette fois, la ?commande ferme? de 94 millions de doses de vaccins et la ?mobilisation des m?decins lib?raux? (du moins ceux qui ne seront pas en vacances) ? compter du 23 juillet. Personne ne doit s'inqui?ter: ? La situation est tr?s encadr?e parce que nous sommes totalement mobilis?s?, a soulign? Brice Hortefeux, ministre de l'int?rieur ? l'issue de la r?union de la Cellule Interminist?rielle de Crise (CIC).
94 millions de vaccins command?s
Mobilisation g?n?rale donc; et premiers descriptifs de ce qui attend la population fran?aise ? l'automne. Les 94 millions de doses de vaccins (puisqu'il faudra deux doses administr?es ? trois semaines d'intervalle) ont ?t? fermement command?es ? trois multinationales Sanofi-Pasteur, GlaxoSmithKline et Novartis pour un montant global de 1 milliard d'euros. Une ?pr?-r?servation? pour 36 autres millions de doses a ?t? faite tandis que des contacts se poursuivent avec la firme Baxter. Plusieurs inconnues demeurent. Ainsi les livraisons de vaccins devraient-elles s'?chelonner entre le mois d'octobre et celui mois de janvier du moins si les rendements de production sont satisfaisants.
Comment faire au mieux dans ce contexte de p?nurie annonc?e? Le gouvernement est en train d'affiner une strat?gie dont les grandes lignes sont connues. Seront d'abord vaccin?es en priorit? les personnes qui sont ?particuli?rement expos?es? au risque de contamination comme celles dont l'activit? est socialement prioritaire: personnels de sant?, de secours et de s?curit?. La question ne semble pas tranch?e de savoir si, chez elles, cette vaccination sera ou non obligatoire. Il faut encore d?finir quelles seront les personnes vaccin?es dans un deuxi?me temps car consid?r?es comme expos?es ? un risque particulier de souffrir plus que d'autres d'une infection par le A(H1N1). Car les caract?ristiques de ce virus font que ces personnes ne sont pas les m?mes que lors des grippes saisonni?res. Il s'agira a priori des personnes ?g?es de moins de 65 ans qui souffrent d'une affection de longue dur?e, les femmes enceintes, les jeunes de moins de 18 ans en incluant les enfants de moins de un an.
Pour ces derniers, la question reste toutefois ouverte puisque le vaccin ne devrait avoir une autorisation de mise sur le march? qu'? partir de 3 ans.
Centres de vaccination et m?decine lib?rale
Grande nouveaut?: le retour des dispensaires. Les vaccinations seront en effet pratiqu?es non pas au cabinet m?dical ou au domicile mais dans des ?centres de vaccination?. Elles seront aussi prises en charge par l'assurance maladie. Les m?decins lib?raux seront toutefois en premi?re ligne puisque ce sont eux, et non leurs confr?res hospitaliers, qui prendront en charge les malades dont l'?tat n'inspirera pas d'inqui?tudes particuli?res. La CIC a d?cid? de confirmer la prise en charge des malades par le secteur ambulatoire, c'est-?-dire par la m?decine lib?rale. ?C'est une des mesures qui ?taient pr?vues dans le plan de lutte contre la pand?mie grippale?, a pr?cis? Brice Hortefeux.
Le syst?me ?SAMU-centre 15? ne prendra en charge que les cas graves et les enfants de moins d'un an. A compter du 23 juillet, les pharmacies d?livreront gratuitement (sur prescription m?dicale) des masques ?anti-projections? ainsi que du Tamiflu ou du Relenza qui seront pris en charge par l'assurance maladie.
Ainsi tout est en ordre. Chacun sera ? sa place. Et on redira de nombreuses fois l'importance de respecter quelques r?gles simples d'hygi?ne comme le lavage des mains et, si n?cessaire, le recours intensif du mouchoir-en-papier-?-usage-unique-qui-doit-ensuite-?tre-jet?-dans-une-poubelle. On redira aussi que les rassemblements collectifs sont des foyers potentiels de contagion et l'on commence ? ?voquer l'hypoth?se de l'interdiction de certaines manifestations festives ou sportives.
Effets secondaires
Tout est en ordre. Chacun sera ? sa place (bis). Mais plusieurs questions demeurent. A commencer par celle de savoir si la p?dagogie d?velopp?e par les pouvoirs publics quant ? la vaccination modifiera les craintes grandissantes d'une fraction de la population contre les effets secondaires des vaccins au premier rang desquels celui contre l'h?patite virale B. La question a, fort subtilement, commenc?e ? ?tre abord?e ? la veille du 14 juillet par le Pr Didier Houssin, d?l?gu? interminist?riel ? la lutte contre la pand?mie. Ce haut fonctionnaire, ancien chirurgien, a fait la d?monstration que l'on pouvait faire la p?dagogie de la complexit?, exercice que Roselyne Bachelot ne semble gu?re go?ter. ?Il y aura s?rement des choix ? faire parce que le vaccin n'arrivera que progressivement, a-t-il expliqu?. Donc il y aura des gens ? vacciner avant d'autres. Ce sera une d?cision politique importante qui ne sera probablement pas prise avant septembre quand on en saura plus sur l'?pid?mie et les vaccins, leur efficacit?, leurs inconv?nients.?
A quoi devons-nous encore nous attendre? ?Au mois de septembre, il y aura des d?cisions tr?s importantes qui seront prises sur ce qu'on attend des vaccins en termes d'efficacit? et d'inconv?nients, sur qui vacciner en premier et quand lancer la campagne de vaccination, a soulign? le Pr Houssin. Ces d?cisions seront prises par le gouvernement. Il faudra prendre ? un moment donn? ces d?cisions et expliquer les choses s'il y a un ordre de priorit?, que chacun en comprenne les raisons.?
Efficacit? et inconv?nients
Et puis, plus important peut-?tre ces propos qu'il nous faudra bien reprendre le moment venu quand nous serons amen?s ? analyser la r?alit? de la gestion de cette crise sanitaire. Didier Housin: ?Il faut aussi que les gens comprennent que le vaccin n'est pas un produit miracle, qu'il peut ne pas ?tre efficace ? 100% qu'il peut avoir des inconv?nients.? On imagine que chacun de ces termes a ?t? soupes? en tr?s haut lieu sur de pr?cieux tr?buchets. De fait ce discours marque bel et bien une nouvelle ?tape dans la p?dagogie de la lutte contre une crise annonc?e. Il ne s'agit plus de savoir si chaque Fran?ais pourra ou non se faire vacciner au plus vite contre le A(H1N1). Il s'agit de commencer, simplement, ? expliquer ? chaque citoyen que la question de la protection individuelle est hautement plus probl?matique qu'on voudrait parfois le faire croire.
Et dans ce contexte du ?tout-vaccinal?, plusieurs experts, comme le Pr Antoine Flahault, sp?cialiste de sant? publique, militent d'ores et d?j? pour la mise en place d'une ?valuation du risque vaccinal Ils font valoir que si l'on vaccine en masse contre la grippe des personnes dans des tranches d'?ges inhabituelles il est indispensable d'?tre en mesure de pouvoir ?tudier la nature exacte des liens entre la vaccination et tous les ?v?nements de sant? qui surviendront dans les semaines et les mois suivants. Un tel outil n'avait pas ?t? mise en place lorsque l'on a lanc?, au milieu des ann?es 1990 une politique de vaccination de masse contre l'h?patite B, ce qui explique pour partie les rumeurs scientifiquement infond?es, concernant ce vaccin.
Nous sommes ? la mi-juillet. Il n'est peut ?tre pas trop tard pour le mettre en place d?s l'automne prochain quand les premiers lots arriveront dans les centres de vaccination.
Jean-Yves Nau
<!--paging_filter-->Journaliste, docteur en m?decine, instituteur. A ?t? en charge des questions de m?decine de biologie et de bio?thique au Monde pendant trente ans.
Ouvrages: ?Le Journal de la vache folle?; 'Editions Georg, Gen?ve: ?Bio?thique, Avis de temp?te? (avec Herv? Chneiweiss); Editions Alvik); ?Faim de mots? (avec Jean Bardet); Editions Gl?nat.
A(H1N1): ?Tout vaccinal? contre tsunami viral
La politique fran?aise de lutte contre la grippe: le ?tout vaccinal? contre un possible ?tsunami viral?
Le mod?le fran?ais de lutte contre une pand?mie grippale est l'un des meilleurs au monde. C'est ce que ne cessent de dire les responsables gouvernementaux en charge de la gestion des crises sanitaires. Et ils le disent depuis qu'a ?t? ?labor? un plan national destin? initialement ? lutter contre une hypoth?tique pand?mie due au A(H5N1) de la grippe aviaire. La pand?mie due au A(H1N1) est l? et le plan va donc pouvoir d?montrer son caract?re op?rationnel. Pour l'heure, dans l'attente du tsunami viral, l'urgence est ? la p?dagogie ? tr?s hautes doses.
Le gouvernement avait certes d?j? annonc? ? plusieurs reprises qu'il avait choisi d'acqu?rir suffisamment de doses vaccinales pour que chaque Fran?ais qui le souhaiterait puisse ?tre prot?g?. Roselyne Bachelot, ministre de la Sant?, l'a redit une nouvelle fois mercredi 15 juillet en annon?ant, cette fois, la ?commande ferme? de 94 millions de doses de vaccins et la ?mobilisation des m?decins lib?raux? (du moins ceux qui ne seront pas en vacances) ? compter du 23 juillet. Personne ne doit s'inqui?ter: ? La situation est tr?s encadr?e parce que nous sommes totalement mobilis?s?, a soulign? Brice Hortefeux, ministre de l'int?rieur ? l'issue de la r?union de la Cellule Interminist?rielle de Crise (CIC).
94 millions de vaccins command?s
Mobilisation g?n?rale donc; et premiers descriptifs de ce qui attend la population fran?aise ? l'automne. Les 94 millions de doses de vaccins (puisqu'il faudra deux doses administr?es ? trois semaines d'intervalle) ont ?t? fermement command?es ? trois multinationales Sanofi-Pasteur, GlaxoSmithKline et Novartis pour un montant global de 1 milliard d'euros. Une ?pr?-r?servation? pour 36 autres millions de doses a ?t? faite tandis que des contacts se poursuivent avec la firme Baxter. Plusieurs inconnues demeurent. Ainsi les livraisons de vaccins devraient-elles s'?chelonner entre le mois d'octobre et celui mois de janvier du moins si les rendements de production sont satisfaisants.
Comment faire au mieux dans ce contexte de p?nurie annonc?e? Le gouvernement est en train d'affiner une strat?gie dont les grandes lignes sont connues. Seront d'abord vaccin?es en priorit? les personnes qui sont ?particuli?rement expos?es? au risque de contamination comme celles dont l'activit? est socialement prioritaire: personnels de sant?, de secours et de s?curit?. La question ne semble pas tranch?e de savoir si, chez elles, cette vaccination sera ou non obligatoire. Il faut encore d?finir quelles seront les personnes vaccin?es dans un deuxi?me temps car consid?r?es comme expos?es ? un risque particulier de souffrir plus que d'autres d'une infection par le A(H1N1). Car les caract?ristiques de ce virus font que ces personnes ne sont pas les m?mes que lors des grippes saisonni?res. Il s'agira a priori des personnes ?g?es de moins de 65 ans qui souffrent d'une affection de longue dur?e, les femmes enceintes, les jeunes de moins de 18 ans en incluant les enfants de moins de un an.
Pour ces derniers, la question reste toutefois ouverte puisque le vaccin ne devrait avoir une autorisation de mise sur le march? qu'? partir de 3 ans.
Centres de vaccination et m?decine lib?rale
Grande nouveaut?: le retour des dispensaires. Les vaccinations seront en effet pratiqu?es non pas au cabinet m?dical ou au domicile mais dans des ?centres de vaccination?. Elles seront aussi prises en charge par l'assurance maladie. Les m?decins lib?raux seront toutefois en premi?re ligne puisque ce sont eux, et non leurs confr?res hospitaliers, qui prendront en charge les malades dont l'?tat n'inspirera pas d'inqui?tudes particuli?res. La CIC a d?cid? de confirmer la prise en charge des malades par le secteur ambulatoire, c'est-?-dire par la m?decine lib?rale. ?C'est une des mesures qui ?taient pr?vues dans le plan de lutte contre la pand?mie grippale?, a pr?cis? Brice Hortefeux.
Le syst?me ?SAMU-centre 15? ne prendra en charge que les cas graves et les enfants de moins d'un an. A compter du 23 juillet, les pharmacies d?livreront gratuitement (sur prescription m?dicale) des masques ?anti-projections? ainsi que du Tamiflu ou du Relenza qui seront pris en charge par l'assurance maladie.
Ainsi tout est en ordre. Chacun sera ? sa place. Et on redira de nombreuses fois l'importance de respecter quelques r?gles simples d'hygi?ne comme le lavage des mains et, si n?cessaire, le recours intensif du mouchoir-en-papier-?-usage-unique-qui-doit-ensuite-?tre-jet?-dans-une-poubelle. On redira aussi que les rassemblements collectifs sont des foyers potentiels de contagion et l'on commence ? ?voquer l'hypoth?se de l'interdiction de certaines manifestations festives ou sportives.
Effets secondaires
Tout est en ordre. Chacun sera ? sa place (bis). Mais plusieurs questions demeurent. A commencer par celle de savoir si la p?dagogie d?velopp?e par les pouvoirs publics quant ? la vaccination modifiera les craintes grandissantes d'une fraction de la population contre les effets secondaires des vaccins au premier rang desquels celui contre l'h?patite virale B. La question a, fort subtilement, commenc?e ? ?tre abord?e ? la veille du 14 juillet par le Pr Didier Houssin, d?l?gu? interminist?riel ? la lutte contre la pand?mie. Ce haut fonctionnaire, ancien chirurgien, a fait la d?monstration que l'on pouvait faire la p?dagogie de la complexit?, exercice que Roselyne Bachelot ne semble gu?re go?ter. ?Il y aura s?rement des choix ? faire parce que le vaccin n'arrivera que progressivement, a-t-il expliqu?. Donc il y aura des gens ? vacciner avant d'autres. Ce sera une d?cision politique importante qui ne sera probablement pas prise avant septembre quand on en saura plus sur l'?pid?mie et les vaccins, leur efficacit?, leurs inconv?nients.?
A quoi devons-nous encore nous attendre? ?Au mois de septembre, il y aura des d?cisions tr?s importantes qui seront prises sur ce qu'on attend des vaccins en termes d'efficacit? et d'inconv?nients, sur qui vacciner en premier et quand lancer la campagne de vaccination, a soulign? le Pr Houssin. Ces d?cisions seront prises par le gouvernement. Il faudra prendre ? un moment donn? ces d?cisions et expliquer les choses s'il y a un ordre de priorit?, que chacun en comprenne les raisons.?
Efficacit? et inconv?nients
Et puis, plus important peut-?tre ces propos qu'il nous faudra bien reprendre le moment venu quand nous serons amen?s ? analyser la r?alit? de la gestion de cette crise sanitaire. Didier Housin: ?Il faut aussi que les gens comprennent que le vaccin n'est pas un produit miracle, qu'il peut ne pas ?tre efficace ? 100% qu'il peut avoir des inconv?nients.? On imagine que chacun de ces termes a ?t? soupes? en tr?s haut lieu sur de pr?cieux tr?buchets. De fait ce discours marque bel et bien une nouvelle ?tape dans la p?dagogie de la lutte contre une crise annonc?e. Il ne s'agit plus de savoir si chaque Fran?ais pourra ou non se faire vacciner au plus vite contre le A(H1N1). Il s'agit de commencer, simplement, ? expliquer ? chaque citoyen que la question de la protection individuelle est hautement plus probl?matique qu'on voudrait parfois le faire croire.
Et dans ce contexte du ?tout-vaccinal?, plusieurs experts, comme le Pr Antoine Flahault, sp?cialiste de sant? publique, militent d'ores et d?j? pour la mise en place d'une ?valuation du risque vaccinal Ils font valoir que si l'on vaccine en masse contre la grippe des personnes dans des tranches d'?ges inhabituelles il est indispensable d'?tre en mesure de pouvoir ?tudier la nature exacte des liens entre la vaccination et tous les ?v?nements de sant? qui surviendront dans les semaines et les mois suivants. Un tel outil n'avait pas ?t? mise en place lorsque l'on a lanc?, au milieu des ann?es 1990 une politique de vaccination de masse contre l'h?patite B, ce qui explique pour partie les rumeurs scientifiquement infond?es, concernant ce vaccin.
Nous sommes ? la mi-juillet. Il n'est peut ?tre pas trop tard pour le mettre en place d?s l'automne prochain quand les premiers lots arriveront dans les centres de vaccination.
Jean-Yves Nau