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GRIPPE A(H1N1)v-Les sc?narios pour la suite de l??pid?mie
2009 ne sera pas 1918
Quelle s?v?rit? va atteindre l??pid?mie du A(H1N1)v ? Quel sera son taux d?attaque ? Discernerait-on d?j? un pic ? D?autres vagues, ou vaguelettes, pourraient-elles suivre ? Pendant combien de temps le virus va-t-il circuler ? Faut-il craindre la mutation du virus ? grande ?chelle ? Et que nous r?serve la saison prochaine (2010-2011) ? Autant de questions que ? le Quotidien ? a pos?es au Dr Fran?oise Weber, directrice de l?InVS au Pr Antoine Flahault, directeur de l?EHESP, et au Pr Claude Hannoun, virologue pasteurien. Si aucun d?entre eux ne se risque ? anticiper sur des ?v?nements par nature tr?s impr?visibles, du moins sont-ils en mesure de pr?senter certains sc?narios. Et d?en exclure d?autres, comme les sc?narios catastrophes.
? LE MESSAGE IMPORTANT, c?est que nous restons dans l?hypoth?se basse pour la suite de l??pid?mie ?, annonce le Dr Fran?oise Weber. Et certes, la directrice g?n?rale de l?Institut de veille sanitaire l?assortit de nombreux codicilles. Tant il est vrai qu?avec son g?nie propre, un virus a toujours plus d?un tour dans son sac. Et que, d?ici le retour d?exp?rience qu?on sera en mesure de proposer au printemps, la conjonction de nombreux facteurs peuvent encore interagir et brouiller la visibilit? :
? Le climat : ? la faveur du mois d?octobre relativement cl?ment que nous avons connu en France, on s?est rendu compte que le A(H1N1)v ?tait tr?s sensible au froid.
? L?adh?sion de la populations aux mesures barri?res : le comportement des personnes contamin?es, selon qu?elles restent ? la maison ou non, est un d?terminant de premier ordre. On le v?rifie ? l?occasion des s?quences de vacances scolaires, quand les enfants ne fr?quentent plus les ?coles, la courbe ?pid?mique baisse.
? Le nombre des personnes immunis?es : le total de celles qui ont b?n?fici? d?anticorps lors de pr?c?dentes ?pid?mies, de celles qui ont ?t? contamin?es cette saison et des vaccin?s compose une force de r?sistance ? la circulation du virus.
? Les moyens th?rapeutiques : la prescription pr?coce des antiviraux reste en question. Or, r?p?te le Pr Hannoun, ? le Tamiflu reste largement sous-utilis? en raison de la grande frilosit? manifest?e ? son ?gard par le corps m?dical ?.
? les co?nfections : VRS et streptocoques jouent un r?le d?amplification ? surveiller.
Statistiquement optimiste.
Quoi qu?il en soit, le Dr Weber ne retient pas le sc?nario pessimiste qui avait ?t? ?voqu? en septembre, avec 20 % de complications, 2 % des patients hospitalis?s et 0,5 % de l?talit?. Elle privil?gie ? le sc?nario statistiquement optimiste ?, avec 15 % de complications, 1 % d?hospitalisations et 0,1 % de l?talit?. ? Somme toute, note-t-elle, nous nous situons dans des param?tres proches de ceux de la grippe saisonni?re, m?me si, compte tenu d?un taux d?attaque sup?rieur, le nombre des personnes contamin?es est forc?ment plus ?lev? et, surtout, le profil des personnes d?c?d?es tr?s diff?rent : une moyenne d??ge de 30 ? 40 ans, avec des facteurs de risque qui ne sont pas li?s ? des pathologies gravissimes d?asthme, ou d?ob?sit?, et des femmes enceintes. ?
Professeur honoraire ? l?Institut Pasteur, le virologue Claude Hannoun exclut ?galement les hypoth?ses ?pid?miologique hautes : ? De m?me que le sc?nario minimaliste, qui a fait esp?rer en ao?t que l??pid?mie puisse faire pschitt, le sc?nario type grippe espagnole est aujourd?hui exclu, alors que l?immunit? de la population g?n?rale est en train de monter lentement. Nous nous situerons vraisemblablement ? un niveau interm?diaire entre le sc?nario fulminant de 1918 et le sc?nario minimaliste d?une ?pid?mie saisonni?re. ?
Directeur de l??cole des hautes ?tudes en sant? publique, le Pr Antoine Flahault se montre quant ? lui plus circonspect. ? Certes, estime-t-il, une premi?re hypoth?se tr?s optimiste demeure : que nous ayons atteint le pic et que la courbe retombe dans les semaines qui viennent. En ce cas, nous aurons connu une ?pid?mie comparable ? celle de la grippe saisonni?re, avec 5 % de grippes cliniques et autant de formes asymptomatiques, une diff?rence subsistant en ce qui concerne les formes graves, avec un gros point d?interrogation concernant les sujets tr?s ?g?s. ?
Mais ? deux autres sc?narios ne peuvent pas encore ?tre compl?tement ?cart?s, selon le Pr Flahault : la survenue de plusieurs vagues, qui donnera tout son sens ? la campagne vaccinale ou le sc?nario d?une vague unique, mais plus ample, qui va continuer ? rouler sur la France et l?Europe, une d?ferlante qui repr?sente le sc?nario ?videmment le plus pr?occupant. ?
? CHRISTIAN DELAHAYE
Le Quotidien du M?decin du : 03/12/2009
2009 ne sera pas 1918
Quelle s?v?rit? va atteindre l??pid?mie du A(H1N1)v ? Quel sera son taux d?attaque ? Discernerait-on d?j? un pic ? D?autres vagues, ou vaguelettes, pourraient-elles suivre ? Pendant combien de temps le virus va-t-il circuler ? Faut-il craindre la mutation du virus ? grande ?chelle ? Et que nous r?serve la saison prochaine (2010-2011) ? Autant de questions que ? le Quotidien ? a pos?es au Dr Fran?oise Weber, directrice de l?InVS au Pr Antoine Flahault, directeur de l?EHESP, et au Pr Claude Hannoun, virologue pasteurien. Si aucun d?entre eux ne se risque ? anticiper sur des ?v?nements par nature tr?s impr?visibles, du moins sont-ils en mesure de pr?senter certains sc?narios. Et d?en exclure d?autres, comme les sc?narios catastrophes.
? LE MESSAGE IMPORTANT, c?est que nous restons dans l?hypoth?se basse pour la suite de l??pid?mie ?, annonce le Dr Fran?oise Weber. Et certes, la directrice g?n?rale de l?Institut de veille sanitaire l?assortit de nombreux codicilles. Tant il est vrai qu?avec son g?nie propre, un virus a toujours plus d?un tour dans son sac. Et que, d?ici le retour d?exp?rience qu?on sera en mesure de proposer au printemps, la conjonction de nombreux facteurs peuvent encore interagir et brouiller la visibilit? :
? Le climat : ? la faveur du mois d?octobre relativement cl?ment que nous avons connu en France, on s?est rendu compte que le A(H1N1)v ?tait tr?s sensible au froid.
? L?adh?sion de la populations aux mesures barri?res : le comportement des personnes contamin?es, selon qu?elles restent ? la maison ou non, est un d?terminant de premier ordre. On le v?rifie ? l?occasion des s?quences de vacances scolaires, quand les enfants ne fr?quentent plus les ?coles, la courbe ?pid?mique baisse.
? Le nombre des personnes immunis?es : le total de celles qui ont b?n?fici? d?anticorps lors de pr?c?dentes ?pid?mies, de celles qui ont ?t? contamin?es cette saison et des vaccin?s compose une force de r?sistance ? la circulation du virus.
? Les moyens th?rapeutiques : la prescription pr?coce des antiviraux reste en question. Or, r?p?te le Pr Hannoun, ? le Tamiflu reste largement sous-utilis? en raison de la grande frilosit? manifest?e ? son ?gard par le corps m?dical ?.
? les co?nfections : VRS et streptocoques jouent un r?le d?amplification ? surveiller.
Statistiquement optimiste.
Quoi qu?il en soit, le Dr Weber ne retient pas le sc?nario pessimiste qui avait ?t? ?voqu? en septembre, avec 20 % de complications, 2 % des patients hospitalis?s et 0,5 % de l?talit?. Elle privil?gie ? le sc?nario statistiquement optimiste ?, avec 15 % de complications, 1 % d?hospitalisations et 0,1 % de l?talit?. ? Somme toute, note-t-elle, nous nous situons dans des param?tres proches de ceux de la grippe saisonni?re, m?me si, compte tenu d?un taux d?attaque sup?rieur, le nombre des personnes contamin?es est forc?ment plus ?lev? et, surtout, le profil des personnes d?c?d?es tr?s diff?rent : une moyenne d??ge de 30 ? 40 ans, avec des facteurs de risque qui ne sont pas li?s ? des pathologies gravissimes d?asthme, ou d?ob?sit?, et des femmes enceintes. ?
Professeur honoraire ? l?Institut Pasteur, le virologue Claude Hannoun exclut ?galement les hypoth?ses ?pid?miologique hautes : ? De m?me que le sc?nario minimaliste, qui a fait esp?rer en ao?t que l??pid?mie puisse faire pschitt, le sc?nario type grippe espagnole est aujourd?hui exclu, alors que l?immunit? de la population g?n?rale est en train de monter lentement. Nous nous situerons vraisemblablement ? un niveau interm?diaire entre le sc?nario fulminant de 1918 et le sc?nario minimaliste d?une ?pid?mie saisonni?re. ?
Directeur de l??cole des hautes ?tudes en sant? publique, le Pr Antoine Flahault se montre quant ? lui plus circonspect. ? Certes, estime-t-il, une premi?re hypoth?se tr?s optimiste demeure : que nous ayons atteint le pic et que la courbe retombe dans les semaines qui viennent. En ce cas, nous aurons connu une ?pid?mie comparable ? celle de la grippe saisonni?re, avec 5 % de grippes cliniques et autant de formes asymptomatiques, une diff?rence subsistant en ce qui concerne les formes graves, avec un gros point d?interrogation concernant les sujets tr?s ?g?s. ?
Mais ? deux autres sc?narios ne peuvent pas encore ?tre compl?tement ?cart?s, selon le Pr Flahault : la survenue de plusieurs vagues, qui donnera tout son sens ? la campagne vaccinale ou le sc?nario d?une vague unique, mais plus ample, qui va continuer ? rouler sur la France et l?Europe, une d?ferlante qui repr?sente le sc?nario ?videmment le plus pr?occupant. ?
? CHRISTIAN DELAHAYE
Le Quotidien du M?decin du : 03/12/2009