Les Européens s'inquiètent de l'impact économique de la grippe A
LE MONDE | 20.07.09 | 14h53 • Mis à jour le 20.07.09 | 17h24
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</td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table> à Londres
Et si la grippe A(H1N1) venait contrarier les prévisions de sortie de crise les plus optimistes qui annoncent du mieux pour l'activité mondiale dès l'automne 2009 ? Beaucoup d'économistes s'interrogent aujourd'hui sur ce scénario qui dépend bien sûr de la gravité de l'infection. Dans une note, les experts de la Banque mondiale estiment, par exemple, que le coût économique de la pandémie pourrait varier de 0,7 % à 4,8 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. La fourchette basse correspond à une "catastrophe modeste", à l'instar de la grippe de Hongkong de 1968 ; l'hypothèse haute, à une "catastrophe sévère" du type de la grippe espagnole de 1918, qui avait fait entre 50 et 100 millions de morts.
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Ce cercle vicieux risquerait aussi d'ébranler la confiance des investisseurs et des marchés financiers, encore sous le choc de la crise économique actuelle. Rien de tel pour inciter les ménages à redoubler de prudence et à épargner davantage. Bref, pour l'organisme anglais, tous les ingrédients pourraient être réunis "pour plonger le monde dans la déflation", soit une crise profonde marquée par une baisse générale et prolongée de la valeur des biens et des actifs.
Un scénario noir ? En tout cas le plus extrême. Les experts d'Oxford Economics expliquent avoir réalisé leurs extrapolations à partir des pandémies grippales précédentes, notamment la grippe asiatique (H2N2) de 1957 et celle de Hongkong (H3N2) en 1968, et surtout à partir du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a frappé l'Asie en 2003, année où "le nombre de touristes étrangers à destination de Hongkong a baissé de 60 %". Et encore, précisent-ils, en 2003, l'économie mondiale n'était pas aussi mal en point qu'aujourd'hui, et l'activité était repartie rapidement.
L'étude se penche plus particulièrement sur le cas britannique, pays européen le plus touché par la pandémie.
Sur les sept derniers jours, le nombre de morts liées au virus H1N1 a plus que doublé, pour atteindre 29 (26 en Angleterre, 3 en Ecosse). Tout comme celui des personnes qui présentent tous les symptômes de la maladie - mais qui n'ont pas encore été officiellement diagnostiquées comme atteintes par le virus -, qui s'est brutalement alourdie de 55 000 cas et dépasse désormais les 100 000.
L'European Centre for Disease Prevention and Control, installé à Stockholm, dénombre 10 649 personnes officiellement atteintes de la grippe A(H1N1), sur un total de 15 774 cas répertoriés au sein de l'Union européenne élargie à la Norvège, la Suisse et l'Islande. Personne ne sait aujourd'hui expliquer cette particularité britannique, même si l'intensité du trafic aérien qui passe par Londres n'y est pas étrangère. British Airways et Virgin Atlantic n'embarquent d'ailleurs plus les passagers présentant des symptômes de la maladie.
Oxford Economics estime que le coût de la pandémie pourrait représenter, en Grande-Bretagne, jusqu'à 5 % du PIB, alors que le pays affronte actuellement sa plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale. Le gouvernement de Gordon Brown a beau assurer que la Grande-Bretagne est le pays "le mieux préparé" à la lutte contre la pandémie, sa communication est plus alarmante que rassurante. Le ministère de la santé a demandé au National Health Service (NHS), le service de santé public britannique, de se mettre en ordre de bataille pour faire face à 65 000 décès. Il ne s'agit pas d'une prévision, ont assuré ses porte-parole, mais d'un scénario catastrophe qui verrait à l'automne 30 % de la population - et 50 % des enfants - atteinte de la grippe porcine.
Dans ce contexte, les femmes enceintes et les enfants - particulièrement touchés par le virus - se voient conseillé de rester à la maison. Le ministre de l'éducation a, pour sa part, annoncé que des écoles pourraient être fermées dès la rentrée. D'autant que la période de vacances scolaires qui débute dans les prochains jours est propice aux déplacements et à la contagion. Si la tendance actuelle se confirme, "nous pourrions voir plus de 100 000 cas par jour d'ici à la fin août, mais j'insiste, ce n'est qu'une projection", a récemment déclaré Andy Burnham, le ministre de la santé. En septembre, un salarié sur huit pourrait être contraint de rester chez lui, selon les projections de ses services. Le pays n'est pas équipé pour affronter un phénomène d'une telle ampleur. On ne sait pas quand les 132 millions de doses de vaccin contre le virus H1N1 que la Grande-Bretagne a commandées pour traiter ses 60 millions d'habitants seront disponibles. Les hôpitaux seront vite saturés.
Face à cette montée de l'inquiétude et des risques économiques, gouvernements et entreprises sont en alerte (Le Monde du 16 juin).En France, le ministère de l'économie a installé depuis début mai une "cellule de continuité économique". Aux Etats-Unis, les experts des services américains de santé et de vaccination tiendront une réunion d'urgence le 29 juillet pour mettre en place un plan de vaccination contre la grippe A(H1N1) à l'automne. Il est vrai que six Américains sur dix, selon un sondage réalisé mi-juillet par l'université d'Harvard, craignent une résurgence de la maladie, 43 % redoutent d'avoir des pertes de revenus et 25 % de perdre leur emploi s'ils sont contraints de rester chez eux.
Un taux d'absentéisme élevé à l'automne est en tout cas une hypothèse largement prise en compte par les grands groupes qui s'équipent en masques et en antiviraux, et réfléchissent au développement du télétravail. Les PME seraient plus à la traîne. A Londres, la fédération des petites entreprises pense que 120 000 PME pourraient être contraintes de suspendre leur activité en raison de la pandémie.
<hr> A Consulter : l'étude d'Oxford Economics.
Marie-Béatrice Baudet et Virginie Malingre
LE MONDE | 20.07.09 | 14h53 • Mis à jour le 20.07.09 | 17h24
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</td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table> à Londres
Et si la grippe A(H1N1) venait contrarier les prévisions de sortie de crise les plus optimistes qui annoncent du mieux pour l'activité mondiale dès l'automne 2009 ? Beaucoup d'économistes s'interrogent aujourd'hui sur ce scénario qui dépend bien sûr de la gravité de l'infection. Dans une note, les experts de la Banque mondiale estiment, par exemple, que le coût économique de la pandémie pourrait varier de 0,7 % à 4,8 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. La fourchette basse correspond à une "catastrophe modeste", à l'instar de la grippe de Hongkong de 1968 ; l'hypothèse haute, à une "catastrophe sévère" du type de la grippe espagnole de 1918, qui avait fait entre 50 et 100 millions de morts.
<center><script type="text/javascript">if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD('x40')} else {OAS_AD('Middle')}</script></center>
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Ce cercle vicieux risquerait aussi d'ébranler la confiance des investisseurs et des marchés financiers, encore sous le choc de la crise économique actuelle. Rien de tel pour inciter les ménages à redoubler de prudence et à épargner davantage. Bref, pour l'organisme anglais, tous les ingrédients pourraient être réunis "pour plonger le monde dans la déflation", soit une crise profonde marquée par une baisse générale et prolongée de la valeur des biens et des actifs.
Un scénario noir ? En tout cas le plus extrême. Les experts d'Oxford Economics expliquent avoir réalisé leurs extrapolations à partir des pandémies grippales précédentes, notamment la grippe asiatique (H2N2) de 1957 et celle de Hongkong (H3N2) en 1968, et surtout à partir du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a frappé l'Asie en 2003, année où "le nombre de touristes étrangers à destination de Hongkong a baissé de 60 %". Et encore, précisent-ils, en 2003, l'économie mondiale n'était pas aussi mal en point qu'aujourd'hui, et l'activité était repartie rapidement.
L'étude se penche plus particulièrement sur le cas britannique, pays européen le plus touché par la pandémie.
Sur les sept derniers jours, le nombre de morts liées au virus H1N1 a plus que doublé, pour atteindre 29 (26 en Angleterre, 3 en Ecosse). Tout comme celui des personnes qui présentent tous les symptômes de la maladie - mais qui n'ont pas encore été officiellement diagnostiquées comme atteintes par le virus -, qui s'est brutalement alourdie de 55 000 cas et dépasse désormais les 100 000.
L'European Centre for Disease Prevention and Control, installé à Stockholm, dénombre 10 649 personnes officiellement atteintes de la grippe A(H1N1), sur un total de 15 774 cas répertoriés au sein de l'Union européenne élargie à la Norvège, la Suisse et l'Islande. Personne ne sait aujourd'hui expliquer cette particularité britannique, même si l'intensité du trafic aérien qui passe par Londres n'y est pas étrangère. British Airways et Virgin Atlantic n'embarquent d'ailleurs plus les passagers présentant des symptômes de la maladie.
Oxford Economics estime que le coût de la pandémie pourrait représenter, en Grande-Bretagne, jusqu'à 5 % du PIB, alors que le pays affronte actuellement sa plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale. Le gouvernement de Gordon Brown a beau assurer que la Grande-Bretagne est le pays "le mieux préparé" à la lutte contre la pandémie, sa communication est plus alarmante que rassurante. Le ministère de la santé a demandé au National Health Service (NHS), le service de santé public britannique, de se mettre en ordre de bataille pour faire face à 65 000 décès. Il ne s'agit pas d'une prévision, ont assuré ses porte-parole, mais d'un scénario catastrophe qui verrait à l'automne 30 % de la population - et 50 % des enfants - atteinte de la grippe porcine.
Dans ce contexte, les femmes enceintes et les enfants - particulièrement touchés par le virus - se voient conseillé de rester à la maison. Le ministre de l'éducation a, pour sa part, annoncé que des écoles pourraient être fermées dès la rentrée. D'autant que la période de vacances scolaires qui débute dans les prochains jours est propice aux déplacements et à la contagion. Si la tendance actuelle se confirme, "nous pourrions voir plus de 100 000 cas par jour d'ici à la fin août, mais j'insiste, ce n'est qu'une projection", a récemment déclaré Andy Burnham, le ministre de la santé. En septembre, un salarié sur huit pourrait être contraint de rester chez lui, selon les projections de ses services. Le pays n'est pas équipé pour affronter un phénomène d'une telle ampleur. On ne sait pas quand les 132 millions de doses de vaccin contre le virus H1N1 que la Grande-Bretagne a commandées pour traiter ses 60 millions d'habitants seront disponibles. Les hôpitaux seront vite saturés.
Face à cette montée de l'inquiétude et des risques économiques, gouvernements et entreprises sont en alerte (Le Monde du 16 juin).En France, le ministère de l'économie a installé depuis début mai une "cellule de continuité économique". Aux Etats-Unis, les experts des services américains de santé et de vaccination tiendront une réunion d'urgence le 29 juillet pour mettre en place un plan de vaccination contre la grippe A(H1N1) à l'automne. Il est vrai que six Américains sur dix, selon un sondage réalisé mi-juillet par l'université d'Harvard, craignent une résurgence de la maladie, 43 % redoutent d'avoir des pertes de revenus et 25 % de perdre leur emploi s'ils sont contraints de rester chez eux.
Un taux d'absentéisme élevé à l'automne est en tout cas une hypothèse largement prise en compte par les grands groupes qui s'équipent en masques et en antiviraux, et réfléchissent au développement du télétravail. Les PME seraient plus à la traîne. A Londres, la fédération des petites entreprises pense que 120 000 PME pourraient être contraintes de suspendre leur activité en raison de la pandémie.
<hr> A Consulter : l'étude d'Oxford Economics.
Marie-Béatrice Baudet et Virginie Malingre