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Histoire - L'autre pand?mie: l'influenza de 1919 ? Maurice

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    Histoire - L'autre pand?mie: l'influenza de 1919 ? Maurice

    08/09/2009

    L?autre pand?mie : l?influenza de 1919

    Nous sommes ? la fin de la Premi?re Guerre mondiale. La population du pays ne d?passe pas les 370 000 habitants. La pauvret? est le lot de la plupart d?entre eux. L?immigration indienne s?est quasiment arr?t?e ? la suite des recommandations de la Commission royale de 1909. Le ch?mage bat son plein. En fait de fl?au devenu end?mique, c?est la malaria qui emporte en moyenne quelque 3 000 Mauriciens chaque ann?e, alors que d?autres maladies transmissibles et non transmissibles alourdissent la note n?crologique. Seuls les plus r?sistants parviennent ? survivre.

    En 1918, l?influenza espagnole frappe l?Europe et la plupart de ces pays avec lesquels nous entretenons des relations commerciales, des ?changes qui se font alors uniquement par voie maritime. Lorsque l?Afrique du Sud est touch?e, les autorit?s mauriciennes se pr?parent activement ? faire face ? la maladie.

    Bient?t, c?est Madagascar, puis La R?union. Et le 3 mai 1919, huit cas de grippe sont rapport?s ? l?h?pital Civil.

    Il s?agit de 6 policiers, d?un infirmier, d?un serviteur d?h?pital et d?une personne atteinte de pneumonie. Le personnel m?dical reste cependant optimiste : le docteur S?n?que pense que ce sont des cas d?influenza commune et qu?il n?y a pas lieu de s?alarmer.

    La presse ?crite reste prudente. Le Mauricien ?crit : ? D?sireux de renseigner nos lecteurs et nous m?fiant des rumeurs qui circulent dans les rues, nous avons ? plusieurs reprises t?l?phon? ? l?h?pital Civil. A 9 h 30, il nous a ?t? dit qu?il y avait 8 cas suspects en observation et isol?s ? l?h?pital mais il est encore impossible de dire s?ils sont v?ritablement en pr?sence de cas d?influenza espagnole. ? Mais la maladie est bel et bien l?. Au fil des jours, elle gagne du terrain. Le 5 mai, en vertu de la Quarantine Regulations de 1913, l?influenza espagnole est proclam?e maladie contagieuse, la p?riode d?incubation ?tant de 8 jours. Toutes les ?coles sont ferm?es ; la plupart sont r?quisitionn?es pour servir d?h?pitaux improvis?s. Le 8 mai, le corps m?dical est en ?tat d?alerte. Le Dr Piarroux est cat?gorique : l?influenza espagnole s?est install?e.

    Bient?t, les h?pitaux de l??le seront d?bord?s. D?autres ?coles sont r?quisitionn?es de m?me que les autres lieux d?h?bergement qui sont convertis en h?pitaux de fortune. Le pays est quasiment paralys?. Un tiers de la population est atteint. Les morts se comptent par centaine, chaque jour les h?pitaux refusent les mourants. Le lundi 22 mai, 78 cas de d?c?s sont enregistr?s au bureau central de l??tat civil, 149 cas pour toute l??le. Le spectacle qu?avait connu le pays durant l??pid?mie de cholera de 1854 et la grande ?pid?mie de malaria de 1867 revient ? la m?moire des vieux de l??poque, semant partout la peur et la d?solation.

    La gestion de ces cadavres qui se multiplient devient probl?matique.

    Les lieux de cr?mation s?improvisent. Aux cimeti?res de St Lazare, ? Roche- Bois, et ? celui de Bois- Marchand, des fosses communes sont cr??es. A Bois- Marchand, des corps, ceux des petites gens en particulier, restent longtemps sans pouvoir ?tre enterr?s. Non seulement l?odeur est insupportable, mais les risques de contagion augmentent. Surtout que ces corps contamin?s sont manipul?s : les cercueils n??tant pas suffisants, ils sont remis en service une fois le cadavre transport? jusqu?au cimeti?re. On parle m?me de confier ? la mer le soin de leur servir de cimeti?re?. La population manque de vivres, rapportent les journaux. Les boutiques chinoises sont ferm?es. Les autorit?s sanitaires constateront bien plus tard que leurs propri?taires n?ont pas surv?cu.

    Avec le froid, en juin, arrivent les complications bronchopulmonaires qui allongent encore la liste des d?c?s. Au mois de juin, une lueur d?espoir para?t : Londres a mis au point un vaccin qui isole le virus. Mais ce n?est pas pour l?imm?diat. En juin pourtant, on entrevoit la fin du fl?au. Les queues aux abords des cimeti?res sont dor?navant moins longues. Le mal r?gresse.

    On devine les cons?quences sociales et ?conomiques de ce fl?au pour Maurice, qui vient de conna?tre les rigueurs de la Premi?re Guerre mondiale. Sur le plan social, les banlieues de la capitale, o? vit dans des conditions insalubres le prol?tariat cr?ole, est s?v?rement touch?. Les Mauriciens d?origine fran?aise et la bourgeoisie cr?ole y verront une autre raison pour d?laisser la capitale. Au niveau ?conomique, le prix de la canne, qui avait connu une hausse spectaculaire, va prendre une courbe descendante. Et le pays n?est pas au bout de ses peines. Ses ressources humaines continueront ? s?appauvrir : en moins d?un si?cle, les ?pid?mies ( la malaria, qui s?vit jusqu?en 1952, le cholera et l?influenza espagnole) lui arracheront 430 000 hommes?

    > Notes et r?f?rences

    1. Le Grand Larousse du XX e Vol 1X, 1990

    2. Report of the Medical and Health Department, Dr Leo Castel, 1919

    3. Le Mauricien du 20 au 30 mai 1919

    4. Le Cern?en, mai- juin 1919

    5. Report of Department of Health, 1866 - 1953

    6. Ile Maurice : Vingt cinq le?ons d?Histoire, B. Moutou, 1998

    par Benjamin Moutou
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