Announcement

Collapse
No announcement yet.

Chikungunya: peut-on l'avoir deux fois? Ph?nom?ne des rechutes

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Chikungunya: peut-on l'avoir deux fois? Ph?nom?ne des rechutes

    CONDAM-N?S ? LA RECHUTE
    Dossier: Philippe Madubost et Marie Payrard
    9 octobre 2006 (Clicanoo, le Journal de l'?le de la R?union)

    Alors qu?on en parle souvent au pass? ou au futur, c?est au pr?sent que de tr?s nombreux R?unionnais - surtout des femmes et des personnes ?g?es de plus de 25 ans - souffrent encore du chikungunya. Ils croyaient ? une gu?rison mais les douleurs articulaires persistent ou reviennent. C?est la loi implacable des ?rechutes?. Un ph?nom?ne int?ressant d?sormais les scientifiques qui ont lanc? des tests cliniques sur des patients r?unionnais atteints de ces formes prolong?es.


    En l?absence d?un traitement ?tiologique, les patients essayent
    tous les m?dicaments qu?ils peuvent mais souvent, sans grand r?sultat.


    Si la reprise ?pid?mique accapare l?attention des autorit?s sanitaires ? l?aube de l??t? austral, il ne faudrait pas qu?elle occulte pour autant la r?alit? factuelle. Car la transmission virale a beau ?tre au plus bas niveau actuellement, les personnes contamin?es par le chikungunya en ce d?but d?ann?e sont encore nombreuses ? souffrir. Selon SOS m?decins Nord, seuls 30% des patients qui consultent pour un chik viennent pour la premi?re fois, contre 70% qui pr?sentent des s?quelles ou des "rechutes".

    Le nombre d?arr?ts de travail enregistr?s par la CGSS de confirmer la tendance. Sur la semaine allant du 11 au 17 septembre par exemple, 37 arr?ts de travail pour une "rechute" du chikungunya ont ?t? re?us par la s?curit? sociale sur 84. Le Dr Bernard-Alex Ga?z?re, chef du service de r?animation au CHD de Bellepierre et sp?cialiste en m?decine tropicale, observe de mani?re empirique que la proportion de malades ayant des ?pisodes r?currents de manifestations cliniques serait de "moins d?une personne sur deux". La cellule inter-r?gionale d??pid?miologie de R?union (Cire) a de son c?t? lanc? une ?tude pour conna?tre pr?cis?ment cette proportion. Il n?y a pas encore de r?sultat puisqu?il reste 25% des patients ? inclure, mais Daoudo Sissoko, m?decin ?pid?miologiste ? la Cire consid?re cette donn?e "exag?r?e au regard des donn?es interm?diaires obtenues ? la R?union et ? Mayotte".

    Les femmes et les adultes d?abord

    S?il semble donc difficile d?estimer le pourcentage de la population concern?e par ce ph?nom?ne, on conna?t mieux, en revanche, le profil de ces malades. Comme l?explique ?ric Bouquillard, rhumatologue au Groupe hospitalier Sud de la R?union (GHSR): "On s?est rendu compte qu?il y avait une grande proportion de femmes qui faisaient des formes chroniques."

    Sachant qu?elles repr?sentent d?j? plus de 60% du total des cas de chikungunya. Le Dr Ga?z?re remarque ?galement que, semblant proposer une meilleure r?ponse immunitaire au virus, les moins de 20-25 ans sont tr?s faiblement affect?s par les rechutes. "L??ge est un facteur d?terminant pour les probl?mes d?articulation." Fi?vre, maux de t?te, ?ruption cutan?e... les signes cliniques du chikungunya peuvent ?tre multiples ? la phase aigu?, m?me si l?on sait que c?est une maladie ? expression principalement articulaire dans pr?s de 95% des cas. Ce sont en l?occurrence ces principaux sympt?mes qui sont observ?s dans les cas de r?cidive ou de persistance.

    "L?atteinte est principalement articulaire, jamais osseuse, mais les tendons peuvent ?tre parfois atteints, indique le rhumatologue du GHSR. On observe dans la plupart des cas une grande raideur le matin au lev?, un d?rouillage qui peut prendre plusieurs heures." Sachant que les douleurs articulaires int?ressent pr?f?rentiellement les poignets (voir sch?ma ci-contre). Bien des chikunguny?s se plaignent de d?velopper de nouveaux ?pisodes hyperalgiques, pourtant comme le pr?cise le rhumatologue, il ne faut pas oublier "qu?il n?y a pas que le chik qui donne des douleurs et de la fi?vre". Leptospirose, goutte, lupus, rub?ole, dengue... un tas d?autres maladies d?veloppent des douleurs articulaires. Plusieurs personnes pensant pr?senter les sympt?mes du chikungunya sont en r?alit? atteintes d?une autre affection. Mais ceux-ci repr?sentent une minorit?.

    Les dangers de la cortisone

    Pour les praticiens, tout l?enjeu est maintenant d?essayer de comprendre pourquoi certains patients d?veloppent des formes prolong?es et d?autres non. Le myst?re reste insoluble ? ce jour m?me s?il existe des hypoth?ses. Les m?decins ont notamment du mal ? ?valuer si les arthralgies persistantes sont li?es ? un portage chronique du virus ou ? une r?action immunologique (production d?auto-anticorps).

    "Pour savoir, il faudrait rechercher le virus dans le sang au moment de la pouss?e, explique le Dr Bouquillard. Si on retrouve le virus, cela veut dire que la personne s?est r?infest?e suite ? une nouvelle piq?re de moustique (ce que peu de m?decins pensent ?tant donn? que des chikunguny?s vivant en m?tropole pr?sentent les m?mes rechutes de douleurs articulaires, sans qu?il soit possible d?incriminer le moustique, ndlr), soit il est rest? quelque part dans l?organisme avant de repasser dans le sang.

    Et si l?on ne trouve pas le virus dans le sang, cela peut ?tre li? ? une pouss?e inflammatoire ou bien ? l?arr?t d?un m?dicament." Car il est fr?quemment observ? une rechute apr?s l?arr?t de cortisone, m?dicament de dernier recours dans le chikungunya. Si les m?decins suivent en effet le protocole, ils pr?conisent en premier lieu du parac?tamol et ?vitent cat?goriquement l?aspirine. S?il n?y a pas d?effet, ils passent aux anti-inflammatoires non st?ro?diens (AINS) et si cela ne fonctionne toujours pas, au bout de trois semaines, la cortisone est ?ventuellement recommand?e. "La cortisone est prescrite en cure courte car elle a beaucoup d?effets secondaires. On est alors oblig? de d?cro?tre les doses. C?est souvent ? ce moment que les gens rechutes", constate le Dr Ga?z?re.

    88% des malades ne souffrent plus au bout de 3 ans
    Alors que faire quand un patient n?est pas r?actif au traitement symptomatique le plus ad?quat en l?absence d?un traitement ?tiologique existant? Sachant que l??tude "Nivachik" ne teste la chloroquine que sur des patients en phase aigu? de la maladie, excluant d?office les victimes de formes prolong?es. La recherche est donc actuellement en train d?essayer d?apporter une r?ponse ? ces malades ? travers des tests cliniques nomm?s "Arthrochik".

    D?ici le 1er d?cembre ce programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) sera lanc? ? la R?union sur 140 patients atteints du chikungunya depuis au mois 6 semaines avec des douleurs articulaires (lire ci-contre). Un m?dicament - tenu ? ce jour secret pour ne pas fausser l??tude - leur sera administr? afin de d?terminer l?efficacit? et l?innocuit? de la mol?cule. Si les r?sultats s?av?rent probants, la prescription de ce m?dicament pourra ?tre g?n?ralis?e d?ici - esp?rons - quelques mois et les victimes de rechutes conna?tront enfin un r?pit.

    Mais en attendant cette ?ch?ance ou un ?ventuel vaccin, les sujets ? la double peine s?interrogent sur le temps qu?ils leur restent ? tirer. La seule ?tude dont nous disposons ? ce jour pour r?pondre ? cette question a ?t? r?alis?e en 1983 en Afrique du Sud (1). L??tude montre que 87,9% des personnes ne souffrent plus de leurs articulations trois ans apr?s la maladie, 3,7% ont une raideur articulaire occasionnelle, 2,8% des malades ont une raideur sans douleur et 5,6% ont des douleurs articulaires persistantes et, fr?quemment, des ?panchements articulaires.

    Mais il faut garder des r?serves sur cette vieille ?tude r?alis?e seulement sur 107 cas, comme le souligne le Dr Bouquillard: "On a l?impression que ces donn?es sont un peu exag?r?es par rapport ? ce qu?on observe." Reste qu?on ne conna?t pas encore les cons?quences ? long terme de cette infection puisqu?elle a ?t? tr?s peu ?tudi?e dans le pass?. La R?union se sacrifie actuellement pour devenir un laboratoire exp?rimental qui servira sans nul doute aux prochaines ?pid?mies de chikungunya qui s?viront dans le monde.

    Peut-on avoir deux fois le chik?
    Pourquoi d?velopper des douleurs articulaires apr?s une r?mission du chikungunya? Peut-on avoir deux fois le chikungunya? L?hypoth?se d?une nouvelle infection peut-?tre envisag?e mais ? ce jour, les m?decins, m?me si le d?bat n?est pas tranch?, penchent plus pour la th?orie selon laquelle le virus du chikungunya serait immunisant, c?est-?-dire que la maladie ne pourrait se contracter qu?une seule fois.

    Le Dr Christine Jaffar-Bandjee, m?decin micro-biologiste au CHD de Bellepierre et co-investigatrice principale du PHRC sur la physiopathologie du chik chez l?adulte, explique n?anmoins qu?il faut rester prudent dans ce domaine: "Nous n?avons pas assez de recul sur le sujet pour ?tre cat?gorique. On pense que la maladie est immunisante parce qu?on n?a pas encore prouv? que des patients l?avaient contract? une deuxi?me fois. Il n?y a pas de raison qu?il en soit autrement des autres virus. L?observation des cas sur une deuxi?me ?pid?mie permettra de r?pondre ? cette question. Car on pourra comparer les s?rologies de patients disant rechuter avec celles dont on dispose aujourd?hui."
    (1) SW Brighton, OW Prozesky and AL De La Harpe, Chikungunya virus infection: a retrospective study of 107 cases, S Afr Med J 63 (1983)

    - Les rechutes ne sont pas forc?ment des rechutes... Ce que l?on nomme commun?ment "rechute" dans le virus du chikungunya est un terme mal appropri? pour la plupart des m?decins car il ne correspond pas toujours ? la r?alit?. Quand certains praticiens parlent de "r?currence", d?autres sp?cialistes pr?f?rent ?voquer des "nouvelles pouss?es inflammatoires", des "formes chroniques", des "?volutions subaigu?s" ou encore des "douleurs persistantes". Dans cet imbroglio linguistique, le Dr Sissoko donne quelques ?claircissements: "Il faut plut?t parler de forme prolong?e au sein desquelles il existe deux cas: les formes continues et les r?currentes. Les premi?res, qu?on consid?re aussi comme chroniques, sont rares. Ce sont les formes r?currentes qu?on appelle des rechutes. En r?alit?, ce sont des personnes qui d?veloppent de nouveaux sympt?mes apr?s, et uniquement apr?s, une r?mission."
    Source
    Last edited by Lyro; October 26, 2006, 10:45 PM. Reason: Correction au titre. Ajout d'un tiret n?cessaire parce que le syst?me efface automatiquement tout mot consid?r? vulgaire en anglais.

  • #2
    Chikungunya: peut-on l'avoir deux fois? Ph?nom?ne des rechutes

    DEUX ?TUDES SUR LES DOULEURS ARTICULAIRES
    9 octobre 2006 (Clicanoo, le Journal de l'?le de la R?union)

    Deux protocoles sont actuellement men?s ? la R?union par des rhumatologues lib?raux et hospitaliers. Leur recherche concerne les formes persistantes du chikungunya sur les articulations.

    "Arthrochik"

    Il s?agit d?un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) qui devrait d?marrer ce 1er d?cembre dans deux centres investigateurs (CHD de Bellepierre et GHSR de Saint-Pierre) et ?ventuellement ? l?h?pital de Saint-Paul.

    Cette ?tude sera r?alis?e en double aveugle (c?est-?-dire que la moiti? des sujets se verra prescrire un placebo sans qu?il le sache) sur 140 patients atteints du chikungunya depuis au mois 6 semaines avec des douleurs articulaires. Les crit?res d?exclusion ne sont pas encore pr?cis?s mais seuls les adultes d?veloppant une forme s?v?re de la maladie et ne r?sistant pas aux antalgiques et anti-inflammatoires non st?ro?diens et seront inclus dans l??tude.

    Soixante-dix de ces malades se verront administrer un traitement de fond voisin de la chloroquine et qui appartient ? la famille des anti-palud?ens de synth?se. (Pour assurer le bon d?roulement de ce test curatif, le nom de cette mol?cule ne peut ?tre r?v?l?). Cette ?tude a notamment pour objectif de trouver un palliatif ? la th?rapie par cortico?des, m?dicaments qui pr?sentent des effets secondaires, surtout utilis?s sur une longue p?riode.

    "Rhumatochik"
    ?tude men?e par les m?decins lib?raux de la Soci?t? R?unionnaise de rhumatologie. Il s?agit ici de r?aliser une analyse aupr?s des patients atteints de formes chroniques (= douleur sup?rieure ? 6 semaines) li?es au chikungunya. L?objectif est de mieux d?finir cette population en d?terminant par exemple le type d?atteinte (articulaire, tendineuse...). ? ce jour, 400 patients ont ?t? observ?s. Il s?agit maintenant de comparer les analyses sur un ou deux ans.

    Source

    Comment

    Working...
    X