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Terminal 2, domicile fixe

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    Terminal 2, domicile fixe

    | 22.12.11 | 15h26 ? Mis ? jour le 22.12.11 | 17h39

    Dans la cohue des voyageurs du terminal 2 de l'a?roport Roissy - Charles-de-Gaulle (CDG), son kimono blanc passe inaper?u. Assis sur un si?ge, un chariot ? bagages devant lui, Aristide pourrait ?tre un sportif de retour d'une comp?tition internationale. Mais ce passager n'est pas en partance. Son voyage s'est arr?t? il y a plusieurs ann?es dans ce hall de b?ton et de verre.
    Comme lui, ils sont une centaine d'errants ? avoir ?chou? un jour tout au bout de la ligne du RER B et ? vivre dans les neuf a?rogares de Roissy. Pour certains, depuis plus de dix ans. La nuit, une quarantaine d'autres personnes viennent les rejoindre avant de repartir au petit matin.

    Originaire de Centrafrique, Aristide ne sait plus exactement depuis combien de temps il tourne l?. Deux, trois ans ? Le judoka, sa boussole griff?e "Koh Lanta" au poignet, a un peu perdu le nord. Entre deux envol?es mystiques, il explique : "Je fais le tour du monde ici, par la nourriture, les objets que je trouve, en regardant les gens, je voyage dans ma t?te."

    Dans son chariot, plusieurs sacs en plastique contiennent un bric-?-brac qui r?sume ? lui seul l'ordinaire d'un a?roport. Des flacons de shampooing et des lotions en tout genre voisinent avec des bouteilles d'eau et des sandwichs encore emball?s. Pour r?cup?rer ce butin, Aristide s'est juste post? devant les poubelles des salles d'embarquement, l? o? les passagers abandonnent les objets qui ne franchissent pas la barri?re de s?curit?. Sourire jusqu'aux oreilles, il extirpe d'un de ses cabas une tour Eiffel souvenir, avant de filer.

    "Ici, il y a tout, de l'argent, de la nourriture, des blocs sanitaires, un service m?dical, explique Christophe Pauvel, chef de service de la maraude Emma?s Roissy. C'est chauff? l'hiver et climatis? l'?t?." L'a?roport, avec ses 1 700 policiers mobilis?s vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et ses 5 800 cam?ras de surveillance est un lieu s?r. Un endroit o? l'on peut se faire oublier aussi. "Certains SDF viennent rechercher une forme d'anonymat, lass?s de la ville et de tout accompagnement social", poursuit Christophe Pauvel.

    Depuis 2007, Emma?s vient en aide aux personnes en errance sur l'a?roport. Deux fois par jour, 365 jours par an, une ?quipe de maraudeurs parcourt les trois terminaux ? la rencontre des SDF. L'association caritative dispose aussi d'un lieu d'accueil, o? les sans-abri peuvent prendre une douche et un petit d?jeuner.

    Ce matin de novembre, ils sont une dizaine ? se presser devant la permanence de l'association, install?e dans des pr?fabriqu?s, sous la route de service du terminal 2A. Des hommes, venus pour la plupart d'Europe de l'Est, Polonais, Roumains, Lettons, Lituaniens, se regroupent par nationalit? autour d'un caf?. On se toise, on roule des m?caniques. Christophe Chauvel, qui ma?trise cinq langues slaves, calme le jeu. "La moiti? des personnes que nous accueillons ici sont ?trang?res, pr?cise-t-il. En ce moment, nous avons un afflux d'Europ?ens en situation d'asile ?conomique, ? la recherche d'un emploi d?clar? ou non."

    A c?t? de cette population sp?cifique, on trouve d'autres hommes et quelques femmes aux profils divers. Grands exclus, jeunes en rupture familiale ou en proie aux repr?sailles de dealers, squatteurs enfouis dans les galeries techniques ou travailleurs pauvres, c?toient les "ali?n?s migrateurs", ces voyageurs pathologiques qui s'installent ? Roissy pour plusieurs mois et ne veulent plus en bouger.

    Dans la masse des 58 millions de passagers qui transitent chaque ann?e ? Roissy, ce petit monde se fond dans l'atmosph?re cotonneuse de l'a?roport. Seuls les "Diog?ne", du nom du "philosophe clochard" de l'Antiquit?, attirent le regard des voyageurs. Leur pathologie se caract?rise, entre autres sympt?mes, par le besoin d'accumuler les objets. Comme cette femme, allong?e sur un banc du terminal 2C sous une couverture, ? c?t? d'un chariot o? s'amoncellent, sur pr?s de deux m?tres de hauteur, valises, cartons et oripeaux.

    >>> Voir le portfolio "SDF, aller simple pour Roissy"

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    Ils sont une centaine d'hommes et de femmes sans toit, à vivre toute l'année dans les aérogares de Roissy-Charles-de-Gaulle. Pour certains d'entre eux, depuis plus de dix ans.
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