Chronique
Freddie et Fannie, mortelle randonn?e
LE MONDE | 13.09.08 | 14h32 ? Mis ? jour le 13.09.08 | 14h32
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<!-- Fin id="mainTitle" --><!-- *********************************MAIN COLUMN*********************************-->
Les crises financi?res ont un grand m?rite : elles permettent aux Fran?ais d'am?liorer leur anglais. A chacune d'entre elles, ils apprennent un nouveau mot : program trading, lors du krach de 1987, hedge fund, avec la faillite du Long Term Capital Management en 1998, rogue trader, avec J?r?me Kerviel.
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Depuis un an, ils se sont familiaris?s avec les subprimes, mentionn?s six fois seulement dans la presse francophone en 2006, 8 400 fois au deuxi?me semestre 2007. Enfin, au cours des derni?res semaines, ils ont fait connaissance avec Freddie Mac et Fannie Mae, qui sonnent de fa?on si joyeuse, presque comme des noms de h?ros de bande dessin?e, mais qui se retrouvent aujourd'hui au coeur d'un des plus grands sauvetages financiers de l'histoire.
Dimanche 7 septembre, le Tr?sor am?ricain a annonc? le renflouement de Federal National Mortgage Association (Fannie) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie), les deux piliers du financement du march? immobilier am?ricain. Comme on est aux Etats-Unis, on n'a pas parl? de nationalisation, mais c'est bien de cela qu'il s'agit.
Beaucoup, en Europe, ont applaudi ? ce retour en force de l'Etat, sauveur d'un syst?me financier devenu fou, incapable de s'autor?guler, avec ses banquiers irresponsables, aveugles ou inconscients, en tous les cas avides. La mise sous tutelle de Freddie et Fannie a ?t? per?ue comme une sorte de grand soir financier, mettant fin ? trois d?cennies de d?r?gulation et de lib?ralisation ? tout-va.
Cette vision radicale et tr?s rassurante n'a qu'un d?faut, mais il est de taille. Elle oublie que l'orbite dans laquelle gravitaient Fannie Mae et Freddie Mac ?tait pr?cis?ment celle de l'Etat et que les deux ?tablissements ?taient plus r?gis par des int?r?ts politiciens que par la loi du profit.
Mais on comprend mieux la d?rive fatale de Fannie et Freddie en connaissant leur vie. Fannie, l'a?n?e, ?tait ? sa naissance enti?rement publique, une enfant du New Deal, cr??e en 1938 par Roosevelt pour aider le pays ? sortir de la Grande D?pression, ? doper le secteur de la construction en aidant les Am?ricains ? devenir propri?taires. Gr?ce ? son label "Etat am?ricain", Fannie pouvait se financer ? des taux beaucoup plus bas que des banques priv?es, rendant du m?me coup moins co?teux le cr?dit hypoth?caire pour les citoyens.
A trente ans, Fannie changea de statut, le pr?sident Johnson jugeant que ses emprunts faisaient une concurrence d?loyale ? ceux du Tr?sor, lui-m?me tr?s sollicit? pour financer la guerre du Vietnam. Fannie fut privatis?e, enfin - et c'est l? tout le probl?me -, privatis?e de fa?on tr?s particuli?re. Elle fut dot?e, comme Freddie deux ans plus tard, du statut abracadabrantesque de government sponsored enterprise, autrement dit, d'entreprise priv?e d'Etat. D?tenue par des actionnaires priv?s, certes, mais b?n?ficiant d'une ligne de cr?dit garantie par le Tr?sor - pour rassurer les investissseurs -, dispens?e de pas mal d'obligations comptables et prudentielles. Et avec toujours pour mission, impos?e par Washington, d'assurer le refinancement des pr?ts immobiliers, notamment aux m?nages les plus modestes. En un mot, d'aider tout Am?ricain ? r?aliser son r?ve le plus cher, celui de poss?der sa propre maison.
Fannie et Freddie s'y sont employ?s avec z?le et succ?s, le montant de leurs portefeuilles de pr?ts s'envolant, passant de 740 milliards de dollars en 1990 ? 5 400 milliards de dollars, le tiers du PIB am?ricain. Avec beaucoup d'inventivit?, aussi, les deux ?tablissements se r?v?lant des pionniers en mati?re de titrisation, cette technique qui consiste ? transformer des pr?ts bancaires en obligations et qui a largement contribu? ? diffuser la crise des subprimes ? tout le syst?me financier mondial.
Cette cr?ativit? a ?galement favoris? une grande opacit? - Fannie Mae fut condamn?e ? plusieurs reprises pour des manipulations comptables -, sans que la classe politique am?ricaine s'en ?meuve. Comment la Maison Blanche et le Congr?s auraient-ils pu s'offusquer de pratiques certes tr?s douteuses mais qui leur profitaient indirectement ? Comment d?noncer un syst?me ayant permis en dix ans ? neuf millions d'Am?ricains de devenir propri?taires, c'est-?-dire ayant fabriqu? neuf millions d'?lecteurs reconnaissants ? Comment s'attaquer ? une m?canique semblant capable d'alimenter ind?finiment la hausse du march? immobilier, donc de stimuler la consommation des m?nages et la croissance ?
Si l'on ajoute ? cela le fait que les patrons de Freddie et Fannie gagnaient 70 millions de dollars par an et surtout que les deux ?tablissements ?taient le plus gros financier des partis r?publicain et d?mocrate, on aura tout dit et tout compris. Personne, ? Washington, n'avait int?r?t ? remettre en cause cet assemblage de bric politique et de broc financier, qui faisait le bonheur de tous. Jusqu'? ce que la bulle de l'immobilier finisse par ?clater. Jusqu'? ce que le march? finisse par prendre sa revanche sur l'Etat, oblig? de payer au prix fort (peut-?tre plusieurs centaines de milliards de dollars) son incomp?tence.
Freddie et Fannie, mortelle randonn?e
LE MONDE | 13.09.08 | 14h32 ? Mis ? jour le 13.09.08 | 14h32
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Les crises financi?res ont un grand m?rite : elles permettent aux Fran?ais d'am?liorer leur anglais. A chacune d'entre elles, ils apprennent un nouveau mot : program trading, lors du krach de 1987, hedge fund, avec la faillite du Long Term Capital Management en 1998, rogue trader, avec J?r?me Kerviel.
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Dimanche 7 septembre, le Tr?sor am?ricain a annonc? le renflouement de Federal National Mortgage Association (Fannie) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie), les deux piliers du financement du march? immobilier am?ricain. Comme on est aux Etats-Unis, on n'a pas parl? de nationalisation, mais c'est bien de cela qu'il s'agit.
Beaucoup, en Europe, ont applaudi ? ce retour en force de l'Etat, sauveur d'un syst?me financier devenu fou, incapable de s'autor?guler, avec ses banquiers irresponsables, aveugles ou inconscients, en tous les cas avides. La mise sous tutelle de Freddie et Fannie a ?t? per?ue comme une sorte de grand soir financier, mettant fin ? trois d?cennies de d?r?gulation et de lib?ralisation ? tout-va.
Cette vision radicale et tr?s rassurante n'a qu'un d?faut, mais il est de taille. Elle oublie que l'orbite dans laquelle gravitaient Fannie Mae et Freddie Mac ?tait pr?cis?ment celle de l'Etat et que les deux ?tablissements ?taient plus r?gis par des int?r?ts politiciens que par la loi du profit.
Mais on comprend mieux la d?rive fatale de Fannie et Freddie en connaissant leur vie. Fannie, l'a?n?e, ?tait ? sa naissance enti?rement publique, une enfant du New Deal, cr??e en 1938 par Roosevelt pour aider le pays ? sortir de la Grande D?pression, ? doper le secteur de la construction en aidant les Am?ricains ? devenir propri?taires. Gr?ce ? son label "Etat am?ricain", Fannie pouvait se financer ? des taux beaucoup plus bas que des banques priv?es, rendant du m?me coup moins co?teux le cr?dit hypoth?caire pour les citoyens.
A trente ans, Fannie changea de statut, le pr?sident Johnson jugeant que ses emprunts faisaient une concurrence d?loyale ? ceux du Tr?sor, lui-m?me tr?s sollicit? pour financer la guerre du Vietnam. Fannie fut privatis?e, enfin - et c'est l? tout le probl?me -, privatis?e de fa?on tr?s particuli?re. Elle fut dot?e, comme Freddie deux ans plus tard, du statut abracadabrantesque de government sponsored enterprise, autrement dit, d'entreprise priv?e d'Etat. D?tenue par des actionnaires priv?s, certes, mais b?n?ficiant d'une ligne de cr?dit garantie par le Tr?sor - pour rassurer les investissseurs -, dispens?e de pas mal d'obligations comptables et prudentielles. Et avec toujours pour mission, impos?e par Washington, d'assurer le refinancement des pr?ts immobiliers, notamment aux m?nages les plus modestes. En un mot, d'aider tout Am?ricain ? r?aliser son r?ve le plus cher, celui de poss?der sa propre maison.
Fannie et Freddie s'y sont employ?s avec z?le et succ?s, le montant de leurs portefeuilles de pr?ts s'envolant, passant de 740 milliards de dollars en 1990 ? 5 400 milliards de dollars, le tiers du PIB am?ricain. Avec beaucoup d'inventivit?, aussi, les deux ?tablissements se r?v?lant des pionniers en mati?re de titrisation, cette technique qui consiste ? transformer des pr?ts bancaires en obligations et qui a largement contribu? ? diffuser la crise des subprimes ? tout le syst?me financier mondial.
Cette cr?ativit? a ?galement favoris? une grande opacit? - Fannie Mae fut condamn?e ? plusieurs reprises pour des manipulations comptables -, sans que la classe politique am?ricaine s'en ?meuve. Comment la Maison Blanche et le Congr?s auraient-ils pu s'offusquer de pratiques certes tr?s douteuses mais qui leur profitaient indirectement ? Comment d?noncer un syst?me ayant permis en dix ans ? neuf millions d'Am?ricains de devenir propri?taires, c'est-?-dire ayant fabriqu? neuf millions d'?lecteurs reconnaissants ? Comment s'attaquer ? une m?canique semblant capable d'alimenter ind?finiment la hausse du march? immobilier, donc de stimuler la consommation des m?nages et la croissance ?
Si l'on ajoute ? cela le fait que les patrons de Freddie et Fannie gagnaient 70 millions de dollars par an et surtout que les deux ?tablissements ?taient le plus gros financier des partis r?publicain et d?mocrate, on aura tout dit et tout compris. Personne, ? Washington, n'avait int?r?t ? remettre en cause cet assemblage de bric politique et de broc financier, qui faisait le bonheur de tous. Jusqu'? ce que la bulle de l'immobilier finisse par ?clater. Jusqu'? ce que le march? finisse par prendre sa revanche sur l'Etat, oblig? de payer au prix fort (peut-?tre plusieurs centaines de milliards de dollars) son incomp?tence.
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