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SRAS, grippe A H1N1, vache folle : les ?pid?mies de la peur - d?cryptage

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    SRAS, grippe A H1N1, vache folle : les ?pid?mies de la peur

    12.03.2013
    Par L?a Baron

    Voil? tout juste 10 ans, l?Organisation mondiale de la sant? (OMS) lan?ait, le 12 mars 2003, une alerte mondiale au SRAS. Le Syndrome Respiratoire Aigu S?v?re apparu en Chine fit 800 morts dans le monde. Moins de victimes que ne craignait l?OMS. Comme le SRAS, la grippe H1N1 ou la maladie de Creutzfeld-Jakob? ce sont autant de menaces sanitaires qui ont mobilis? les pouvoirs publics et effray? les populations. ?tait-ce justifi? ? chaque fois ? Les autorit?s n'ont elles pas accru les peurs hygi?nistes des occidentaux ? D?cryptage.

    /.../

    Virus impr?visible

    ? In fine, c??tait ind?ment alarmiste, ce qui montre bien la grande limite des pr?visions en mati?re d??pid?mie ?, rappelle Antoine Flahault, professeur de sant? publique ? l?universit? Paris Descartes. ? Peut-?tre que nous ne savons pas admettre que cela puisse ?tre impr?visible, aussi bien les populations, les chercheurs, les autorit?s ou m?me les journalistes. ?

    Alors simple principe de pr?caution respect? par l?OMS et ses ?tats signataires pour ne pas ?tre tenus responsables d?une inaction en cas d?aggravation de la situation ? Ou ont-ils trop rapidement sem? la peur dans les pays cibles du virus ? La gestion des risques en mati?re de sant? reste d?licate.

    ? L?OMS a jou? la s?curit? en disant "?a risque d??tre grave"?, souligne le professeur Bricaire. ? Ou bien vous donnez de l?information, car on vous la demande, mais pr?sent?e et interpr?t?e avec prudence. Ou bien vous ne dites rien et on vous le reprochera. ?

    Comment pr?venir les populations, sans trop les alarmer, sans instrumentaliser leur peur ? La communication sur le risque (d?une ?pid?mie, d?une catastrophe) repose sur un paradoxe. ? Vous ?tes en train de rassurer les populations mais en m?me temps vous les gardez aussi vigilantes. Autrement dit vous leur faites peur en utilisant des messages qui vont ?tre parfois inqui?tants, alarmistes ?, explique Antoine Flahault. ? Au moment de Tchernobyl [catastrophe nucl?aire en Ukraine survenue en 1986, ndlr], on leur a dit 'non le nuage ne passe pas au?dessus de la France' - message pour rassurer et faux en partie par ailleurs. Mais, si vous habitez pr?s de l?Alsace, il est bien d?avaler des capsules d?iode quand on vous le dira. Les gens se disent "qu?est-ce qu?ils me racontent ? S?ils me disent ?a c?est qu?il y a un risque qui me fait peur et peut-?tre qu?ils me cachent un peu de la r?alit?." ?

    Vaccin contre la grippe / photo AFP
    Soci?t? anxiog?ne

    Ces derni?res ann?es, les autorit?s sanitaires internationales ont r?ussi ? mobiliser les m?dias du monde entier et ? inqui?ter les populations en annon?ant des dangers sanitaires ? l??volution rapide. Mais serait-ce aussi le reflet d?une soci?t? anxiog?ne, hygi?niste qui s?emballe ? l?annonce du moindre virus dans l?air. La gestion de ces situations de crise sanitaire est peut-?tre aussi le miroir des angoisses populaires. ? On a une soci?t? qui a une tr?s forte aversion vis ? vis du risque et des craintes importantes et qui, par ailleurs, a une exigence tr?s forte de transparence et de v?rit? ?, analyse Antoine Flahault. ? Cette exigence s?exprime tr?s clairement dans le cas de la viande de cheval. Il n?y a pas de risques si on en mange, ce n?est pas dangereux pour la sant? donc ce ne sont pas les ?pid?miologistes qui ont dit qu?il y avait un risque ici. C'est avant tout l?impression d??tre tromp?s sur la marchandise qui domine dans ce cas. C?est un peu la m?me chose sur le plan des ?pid?mies. Les gens ne veulent pas qu?on leur mente. ?

    La v?rit?, toute la v?rit?, rien que la v?rit?. Si elle est parfois difficile ? assumer pour les autorit?s sanitaires ou les gouvernements, elle pourrait au moins prouver leur honn?tet?. Il faudra attendre une prochaine pand?mie d?clar?e pour voir si la le?on a ?t? retenue.

    Pour Fran?ois Bricaire, il serait peut-?tre utile de penser aussi ? un nouveau mode d?information du public : ? Il faut trouver un syst?me pour que les gens soient inform?s sans paniquer. Quand au d?but la m?t?o indiquait des d?partements en alerte rouge, ?a faisait peur aux gens. Maintenant c?est fini, c?est tous les soirs qu?il y a trois d?partements en alerte rouge. Les gens prennent ?a pour une information standard et on va bien voir ce qui se passe. Il faudrait parvenir ? faire en mati?re de sant? un peu la m?me chose, que les gens s?habituent ? avoir des informations sur des agents infectieux avec un coefficient de s?curit?, un coefficient de valeur de l?information qui soit modul?. ? Ou comment apprendre ? ne plus avoir peur ? l?annonce d?une probable pand?mie.

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