Publi? le 08 septembre 2014 ? 05h00 | Mis ? jour ? 07h18
Le virus de l'indiff?rence
M?lanie Dugr?
Avocate, l'auteure collabore r?guli?rement aux pages D?bats.
...
J'?prouve un m?lange de respect, de fascination et d'admiration pour les professionnels qu?b?cois, n?s et form?s ici, qui renoncent ? leur stabilit? et leur s?curit? occidentales pour r?pondre ? l'appel de l'ailleurs et se consacrer ? des causes humanitaires internationales. Je pense ? un ancien coll?gue, Me Pascal Paradis, qui a laiss? le confort de la pratique priv?e dans un grand cabinet pour donner des ailes ? Avocats sans fronti?re, une ONG qui soutient la d?fense des droits humains des groupes ou des personnes les plus vuln?rables dans le monde.
Je pense aussi, et surtout, ? Dre Joanne Liu, p?diatre originaire de Qu?bec et pr?sidente internationale de M?decins sans fronti?res (MSF). C'est la Dre Liu elle-m?me qui a sonn? l'alarme la semaine derni?re dans un cri du coeur lanc? au si?ge de l'ONU afin de sensibiliser la plan?te ? la gravit? de l'?pid?mie d'Ebola qui s?vit en Afrique. MSF estime que ? le monde perd la bataille contre l'Ebola et que les ?tats se contentent de rejoindre une coalition mondiale de l'inaction ?. Cette inaction mondiale, c'est d'abord celle des gouvernements, mais ?galement notre propre insouciance -sans malice, soit -, mais qui nourrit une certaine apathie envers les drames qui se d?roulent au-del? de nos fronti?res.
Plus t?t cette ann?e (La Presse, 21 avril et 1er juin 2014), la Dre Liu ?voquait d?j? son indignation devant l'indiff?rence collective ? l'?gard des trag?dies humanitaires au coeur desquelles MSF est plong?, que ce soit en Syrie, au Soudan du Sud ou en Centrafrique. La timidit? de la r?action mondiale dans le dossier de l'Ebola vient donc s'ajouter ? une liste d?j? trop pleine d'horreurs ignor?es.
Il reste d?solant de voir que notre int?r?t ? l'?gard du virus Ebola se limite ? nous assurer que les patients qu?b?cois suspects, p?riodiquement rapport?s par les m?dias, ne sont finalement pas infect?s par la terrible maladie et que notre syst?me de sant? est par? ? r?agir ? une propagation ?ventuelle du virus. Rassur?s sur notre propre sort, nous retournons rapidement ? nos occupations pendant que dans certains pays africains directement touch?s par l'?pid?mie, les cadavres, hautement infectieux, pourrissent dans les rues.
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Le virus de l'indiff?rence
M?lanie Dugr?
Avocate, l'auteure collabore r?guli?rement aux pages D?bats.
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J'?prouve un m?lange de respect, de fascination et d'admiration pour les professionnels qu?b?cois, n?s et form?s ici, qui renoncent ? leur stabilit? et leur s?curit? occidentales pour r?pondre ? l'appel de l'ailleurs et se consacrer ? des causes humanitaires internationales. Je pense ? un ancien coll?gue, Me Pascal Paradis, qui a laiss? le confort de la pratique priv?e dans un grand cabinet pour donner des ailes ? Avocats sans fronti?re, une ONG qui soutient la d?fense des droits humains des groupes ou des personnes les plus vuln?rables dans le monde.
Je pense aussi, et surtout, ? Dre Joanne Liu, p?diatre originaire de Qu?bec et pr?sidente internationale de M?decins sans fronti?res (MSF). C'est la Dre Liu elle-m?me qui a sonn? l'alarme la semaine derni?re dans un cri du coeur lanc? au si?ge de l'ONU afin de sensibiliser la plan?te ? la gravit? de l'?pid?mie d'Ebola qui s?vit en Afrique. MSF estime que ? le monde perd la bataille contre l'Ebola et que les ?tats se contentent de rejoindre une coalition mondiale de l'inaction ?. Cette inaction mondiale, c'est d'abord celle des gouvernements, mais ?galement notre propre insouciance -sans malice, soit -, mais qui nourrit une certaine apathie envers les drames qui se d?roulent au-del? de nos fronti?res.
Plus t?t cette ann?e (La Presse, 21 avril et 1er juin 2014), la Dre Liu ?voquait d?j? son indignation devant l'indiff?rence collective ? l'?gard des trag?dies humanitaires au coeur desquelles MSF est plong?, que ce soit en Syrie, au Soudan du Sud ou en Centrafrique. La timidit? de la r?action mondiale dans le dossier de l'Ebola vient donc s'ajouter ? une liste d?j? trop pleine d'horreurs ignor?es.
Il reste d?solant de voir que notre int?r?t ? l'?gard du virus Ebola se limite ? nous assurer que les patients qu?b?cois suspects, p?riodiquement rapport?s par les m?dias, ne sont finalement pas infect?s par la terrible maladie et que notre syst?me de sant? est par? ? r?agir ? une propagation ?ventuelle du virus. Rassur?s sur notre propre sort, nous retournons rapidement ? nos occupations pendant que dans certains pays africains directement touch?s par l'?pid?mie, les cadavres, hautement infectieux, pourrissent dans les rues.
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